Fin septembre, les paysagistes ont tiré la sonnette d'alarme. Dans le cadre du projet de loi relatif à la liberté de la création, architecture et patrimoine, ils craignaient d'être évincés des mandats de maîtrise d'œuvre pour des projets de lotissement au profit des architectes. Aujourd'hui, ces derniers tentent d'apaiser la situation.
C'est dans un courrier adressé à Fleur Pellerin, datant du 23 septembre 2015, que la profession de paysagiste a alerté la ministre de la Culture sur sa non-représentation dans le permis d'aménager nécessaire à la construction de lotissements.
En effet, dans le cadre du projet de loi relatif à la liberté de la création, architecture et patrimoine, les paysagistes font état de leur inquiétude concernant "l'amendement n°AC502 qui crée un article L. 441-4 au Code de l'urbanisme imposant le recours à un architecte pour établir le projet architectural, paysager et environnemental faisant l'objet de la demande de permis d'aménager nécessaire à la construction de lotissements au sens de l'article L. 442-1 du Code de l'urbanisme".
En effet, ils craignent de ne plus avoir leur place dans les permis d'aménager : "Si nous sommes parfaitement d'accords avec les objectifs de qualité poursuivis par ce projet de loi, nous ne pouvons l'être avec cet article qui vise à restreindre cette qualité aux seules compétences des architectes", note Jean-Marc Bouillon, président de la Fédération française du paysage. Et de compléter : "En effet, les paysagistes concepteurs que nous sommes ainsi que les urbanistes par exemple, portent eux aussi des compétences de premier rang absolument indispensables à la qualité de nos paysages et des projets qui les constituent (…) Il nous semble, enfin, qu'imposer par la loi le recours obligatoire à un architecte inscrit à l'ordre, sans y associer les autres disciplines, prive nos Maîtres d'ouvrage du choix des pilotes de leurs opérations d'aménagements". En outre, il soulève aussi la question de l'accès équitable à la commande, le marché du lotissement étant le plus important de l'urbanisme opérationnel. Si les paysagistes concèdent que le projet ne les évince pas directement, ils restent convaincus que la nécessité budgétaire pourrait avoir un effet néfaste sur leur activité.
Les architectes tentent de calmer le jeu
Afin d'apaiser la situation, le Conseil national de l'ordre des architectes a réagi ce lundi 2 novembre. Il a tenu à rassurer les paysagistes : "Si, parce que la profession est réglementée, c'est le recours à l'architecte qui est inscrit dans la loi, c'est sans préjudice des autres acteurs de la conception. En aucun cas, la loi ne réserve aux seuls architectes les missions de maîtrise d'œuvre. Ils seront la figure de proue qui entraînera avec elle, les paysagistes et toutes les compétences indispensables à l'accroissement de la qualité de l'aménagement des territoires etc…", souligne un communiqué du CNOA. Et d'ajouter : "Les architectes ne peuvent rien seuls, ils en sont conscients ; ils peuvent défricher et ouvrir la voie (…)".Si tous convergent vers un même objectif : améliorer le cadre de vie, reste à savoir si cette ambition et surtout si le projet de loi s'élargira au final à l'ensemble des professions.