Le groupe industriel Alstom a misé gros sur l'éolien offshore et s'inquiète de la possibilité de ne pas décrocher la fourniture de parc du 2e appel d'offres français. Dans le même temps, il annonce un plan social pour sa branche de matériel ferroviaire.
Le projet industriel d'Alstom était ambitieux dans le domaine de l'éolien offshore. Le groupe avait prévu de mettre en service diverses unités de production à Saint-Nazaire et Cherbourg afin de répondre à la demande d'éoliennes marines, notamment dans le cadre des appels d'offres français. Or, si le premier de ces appels avait plutôt souri au turbinier, associé à EDF, la décision du ministère pour le second pourrait lui être moins favorable. Selon des informations rapportées par l'AFP, la Commission de régulation de l'énergie aurait recommandé au gouvernement de retenir l'offre portée par ses concurrents, GDF Suez-EDP Renewables-Neoen et Areva, pour développer les fermes éoliennes côtières de Noirmoutier (Loire-Atlantique) et du Tréport (Seine-Maritime). "Il y a deux champs, il nous en faut un", a fermement déclaré Nicolas Serrie, le directeur France pour l'éolien offshore d'Alstom.
Trois parcs équipés par Alstom et trois par Areva ?
Les usines de nacelles et de générateurs de Saint-Nazaire, et celles de pales et de pylônes à Cherbourg, entreront en service en 2015 et fourniront les parcs français de Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), ainsi que ceux de Block Island (Rhode Island, Etats-Unis) et Arcadis Ost 1 (mer Baltique, Allemagne). Pascal Giraud, directeur du futur site de production de nacelles expliquait au mois de février : "Le premier appel d'offres français, où nous avons remporté trois parcs, représente entre 2,5 et 3 ans de charge pour notre usine. Le second représenterait une année supplémentaire de travail". Un argument repris par Nicolas Serrie qui souhaite donc que la nouvelle ministre de l'Environnement répartisse le deuxième appel d'offres entre EDF-Alstom et GDF-Areva. Mais Areva ne l'entendra peut-être pas de cette oreille, lui qui ne doit - pour l'instant - fournir que le parc de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), remporté avec Iberdrola. Il verrait sans doute d'un bon œil l'attribution des deux marchés de Noirmoutier et du Tréport pour assurer l'équité avec Alstom, permettant à chacun d'équiper entre trois et quatre parcs d'une centaine de machines.
La branche ferroviaire en sursis
Pour Alstom, la décision ministérielle est donc attendue avec une certaine anxiété, tandis que l'industriel annonce, au même moment, un plan social pour sa branche de matériel ferroviaire. D'après Les Echos, la division Transport envisagerait de supprimer environ 180 postes à son siège français de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et 200 autres à Barcelone (Espagne). Une restructuration qui rentrerait dans le cadre d'un vaste plan d'économies comportant 1.300 emplois à travers l'Europe. En 2011 déjà, l'activité ferroviaire avait subi un plan social portant sur 1.380 postes, tandis qu'en 2010 c'était le secteur des centrales électriques qui perdait 4.000 employés en Europe et aux Etats-Unis. Le groupe emploie en tout 93.500 personnes dans le monde, dont 18.000 en France, et a réalisé un chiffre d'affaires de 20,27 Mrds € en 2013 pour un bénéfice net de plus de 800 M€.