DIAPORAMA. La capitale limousine est le théâtre d'expérimentation d'un nouveau procédé, associant revêtement et réverbères LED, afin de proposer une route mieux éclairée mais moins énergétivore. Explications avec des responsables de Malet/Spie Batignolles et du Cerema.
Dans le cadre d'un appel à projets du ministère de l'Environnement lié aux infrastructures routières, Limoges s'est portée volontaire en 2012 afin d'accueillir une expérimentation unique en France. Sur le boulevard Robert Schuman, le procédé "Lumiroute" va donc être testé, pendant 3 ans, sur deux portions de 200 mètres de long, afin d'évaluer les caractéristiques et qualités de cette innovation signée conjointement Malet (revêtement), Spie Batignolles Energie (installation) et Thorn (éclairage). "L'innovation est axée sur deux principes : optimiser le couple revêtement et luminaire routier d'une part, et rapprocher les différents métiers d'éclairagiste et de construction", nous explique Marc Jakubowski, le directeur Technique & Développement de Malet (groupe Spie Batignolles).
Eclairer juste ce qu'il faut
Le constat initial était simple : les chaussées sont souvent trop éclairées. Dans une approche d'économies d'énergie et de chasse au gaspi, c'est la juste quantité de lumière qui est aujourd'hui recherchée. Or, les revêtements routiers sont généralement noirâtres et réfléchissent mal la lumière qu'ils reçoivent. Le procédé Lumiroute combine donc des enrobés de surface clairs (avec des granulats sélectionnés pour leur couleur et un liant synthétique non bitumineux agrémenté de dioxyde de titane ou un traitement par hydro-décapage) et des luminaires de dernière génération alliant bonne performance énergétique et photométrie évolutive. Cette distribution lumineuse variable permettra, grâce à un ajustement réalisé tous les six mois, de compenser l'évolution de la chaussée.
"Lumiroute, c'est un gain de puissance consommée par kilomètre de route grâce au revêtement", assure Marc Jakubowski. Selon les cas de figure, l'économie réalisée oscillerait entre 38 et 63 % (pour le revêtement le plus clair). "Il y a donc moins de nuisance lumineuse, les lampes étant moins puissantes, la nécessité d'installer moins d'équipements puisque les candélabres sont plus espacés et une réduction de la sensation d'éblouissement", poursuit le responsable de la R&D chez Malet. "Ce chantier est une première nationale : il s'agit d'une pénétrante, deux fois deux voies, très circulante", explique-t-il. Deux sections de 200 mètres serviront à tester deux solutions différentes, tandis que deux autres portions de même longueur, éclairées par des luminaires classiques à iodure et revêtues de goudron "classique", serviront de témoins.
De multiples évaluations
Cyril Chain, du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), détaille les mesures qui seront effectuées : "Il y aura des évaluations du niveau d'adhérence des revêtements, de leurs caractéristiques sonores, de celles des luminaires en condition d'utilisation réelle, des enjeux énergétiques, du niveau de service à l'usager et de l'impact environnemental en tenant en compte du cycle de vie et du coût financier des différentes solutions". Car le procédé Lumiroute est plus cher qu'une route classique, au revêtement goudronné standard et à l'éclairage par ampoules à décharge. La solution n'est donc pas appelée à être généralisée sur toutes les chaussées mais, au contraire, à baliser des points singuliers sensibles comme des sorties d'écoles ou des passages piétons sur des routes périurbaines fréquentées. Quant à l'avenir, il pourrait impliquer des luminaires s'adaptant en temps réel aux conditions atmosphériques (précipitations, brouillard, luminosité, etc.). La route du futur ressemblerait-elle finalement à la route de brique jaune du Magicien d'Oz ?
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De jour
Les sections test, avec éclairage standard et revêtement classique se situent au premier plan. Au fond, on distingue les zones Lumiroute dont celle de droite à la couleur "miel".
De nuit
L'expérimentation prend tout son sens de nuit, avec l'entrée en action des éclairages LEDs. Sur la gauche du cliché on aperçoit la solution "Lumiroute 1" aux granulats clairs, au liant de synthèse (non bitumineux) et au pigment blanc (dioxyde de titane). C'est elle qui donne les meilleurs résultats : elle permet d'économiser 63 % de puissance d'éclairage.
Sur la droite du cliché, la solution "Lumiroute 2", au revêtement plus classique, hydrodécapé afin d'en retirer le liant de surface et lui donner un aspect plus clair.
Appel aux usagers
Afin d'évaluer la qualité de service proposé les usagers sont appelés à se prononcer sur leur expérience de conduite.
Site expérimental : portions de 2 x 2 voies (chaussées de 6,50 mètres séparées par un terre-plein central de 4 à 4,50 mètres accueillant des candélabres de 9 mètres de haut)
Section Lumiroute 1 : enrobé clair BBMC 0/10 CI 3 (granulats clairs, liant de synthèse, dioxyde de titane), éclairage LED
Section Lumiroute 2 : enrobé bitumineux hydro-décapé BBMC 0/10 CI 3 (granulats locaux sélectionnés), éclairage LED
Sections témoins : solutions traditionnelles d'éclairage public et de revêtement de chaussée, dont une section vieillie prématurément par hydro-décapage du liant de surface
Montant des travaux : 450.000 € financés par Limoges Métropole (dont 30.000 € de l'Ademe).