L'électricien d'origine suédoise Vattenfall, la filiale énergie de la SNCF, le chimiste Rhodia et le sidérurgiste Arcelor-Mittal s'allient pour exploiter ensemble des barrages hydroélectriques en France. L'objectif de cette alliance est de remporter 2.000 MW de capacité de production sur les 5.300 MW prochainement ouverts à la concurrence via des appels d'offres.
Les grandes manœuvres se précisent autour du capital hydro-énergétique français : l'électricien suédois Vattenfall s'est allié avec le chimiste français Rhodia, le sidérurgiste Arcelor-Mittal et la future filiale « Energie » de la SNCF en vue de répondre aux appels d'offres d'exploitation des barrages. Le consortium ainsi créé, baptisé « Force Hydro », sera dirigé par le groupe suédois, majoritaire, via sa filiale française. Les parts des différents partenaires seront fixées en fonction des résultats aux appels d'offres, mais l'objectif final de l'alliance est de remporter 2.000 MW de capacité de production sur les 5.300 MW prochainement soumis à des appels d'offres (dates non encore précisées). D'ici à la fin de 2015, 49 barrages regroupés en 10 lots (représentant 20 % du parc français) feront l'objet d'un renouvellement de leurs concessions. Aujourd'hui, le parc national est géré à 80 % par EDF et 12 % par GDF Suez.
Frédéric de Maneville, président de Vattenfall France, a expliqué lors d'une conférence de presse : « Nos partenaires représentent à eux trois (SNCF, Rhodia et Arcelor-Mittal, NdlR) de 3 à 4 % de la consommation française d'électricité ». Un constat particulièrement vrai aux heures de pointe, lorsque le prix du courant électrique est au plus haut. L'intérêt pour les industriels est donc de disposer des commandes d'une énergie propre et flexible afin de répondre à leurs demandes et de sécuriser leur approvisionnement à long terme. Les barrages permettent de produire de l'électricité quasi-instantanément (en procédant à un lâcher d'eau depuis un réservoir), ce qui en fait une source d'approvisionnement idéale pour répondre aux pics de consommation.
Développer les approvisionnements en énergie propre
L'alliance « Force Hydro » répond également à la volonté des industriels engagés de développer leur approvisionnement d'énergies propres, sans émission de CO2, conformément aux engagements nationaux vis-à-vis de l'environnement. La SNCF entend créer une filiale dédiée, baptisée « SNCF Energie » qui sera dirigée par Dominique Thillaud, déjà directeur délégué de SNCF Participations. La SNCF s'était pourtant séparée de la Société Hydroélectrique du Midi (SHEM) en 2006 au profit de GDF-Suez. Cette entité implantée dans le sud-ouest du pays, gère 51 usines et 12 barrages.
Le groupe Vattenfall est présent depuis 10 ans en France, dans le secteur de la vente d'énergie : depuis 2000, il a distribué 40 TWh (dont 6 TWh en 2010), principalement à des consommateurs industriels. L'entreprise avait annoncé, en juin 2010, vouloir investir 1 milliard d'euros dans l'hydroélectricité en France pour développer ses propres moyens de production sur un marché en croissance. L'Hexagone est en effet le 2e pays européen en termes d'installations hydroélectriques avec une puissance installée de 25.000 MW.