Alors que la France semble paralysée dans sa transition énergétique, l'Allemagne qui a renoncé à l'électricité nucléaire en 2011, avance désormais à marche forcée. Berlin souhaite relever son objectif de part des énergies renouvelables en 2020 à 40 %, contre 35 % actuellement.
L'Allemagne a décidé, en mars 2011, l'arrêt définitif de la totalité de ses centrales nucléaires au plus tard en 2022. Afin de compenser cet abandon, le pays s'est lancé dans une transition énergétique accélérée. Le ministre de l'Environnement, Peter Altmaier, a déclaré à ce propos : « Il est prévisible que l'objectif minimum de 35 % d'énergies renouvelables en 2020 ne sera pas seulement atteint, il sera largement dépassé ». Il souhaiterait donc porter l'objectif à 40 %, soit deux fois plus que la France. Afin de soutenir ce programme, le ministre a publié plusieurs propositions de réforme de la loi régissant le soutien aux énergies vertes : il suggère la fixation d'un nouveau calendrier pour garantir une progression plus régulière et ainsi « éviter la surchauffe » qui reposerait sur une coordination améliorée entre l'Etat fédéral, les Länder et le secteur privé. « Un rythme de développement trop rapide entraînerait (…) une hausse des coûts et des problèmes d'intégration du réseau », a prévenu Peter Altmaier.
Hausse des factures
Autre proposition, le soutien aux énergies vertes par le biais d'un soutien aux prix garantis sur les factures des consommateurs via une surtaxe qui rapporterait plusieurs dizaines de milliards d'euros par an, à l'image de la CSPE en France. Une mesure qui pourrait faire évoluer l'opinion jusqu'ici favorable de la population allemande. Selon une enquête réalisée entre août et octobre 2012 auprès de 3.800 personnes, 93 % des sondés jugeraient « important » voire « très important » le développement des énergies vertes en Allemagne, 74 % estimant qu'elles contribueraient aux efforts visant à assurer un avenir plus sûr aux générations futures. Mais le prochain passage de la surtaxe de 3,5 centimes d'euro du kilowattheure à 5 c€/kWh risque de faire des mécontents. Les Allemands sont une majorité (51 %) à trouver ce montant trop élevé, d'autant que le nombre d'entreprises exemptées de payer la surtaxe serait en augmentation.
« Une réforme absolument inévitable et nécessaire »
Le financement risque donc de poser problème, tout comme la construction de nouvelles lignes électriques, aptes à gérer les écarts de production liés à des sources énergétiques aléatoires comme l'éolien ou le solaire. Mais le ministre de l'Environnement n'en démord pas : la réforme de la loi serait « absolument inévitable et nécessaire ». L'Agence pour les énergies renouvelables allemande se veut plus rassurante : « En raison des nombreux avantages des énergies renouvelables, les citoyen(ne)s jugent également que des installations sur leur propre lieu de résidence sont positives ».