Avant que la reconversion de l'hôtel de la Marine, situé place de la Concorde, ne devienne qu'un vague souvenir dans l'esprit d'Alexandre Allard, l'homme d'affaires a défendu mardi, sans attendre l'avis de la commission chargée de réfléchir à son devenir, son projet « La Royale ». « Un écosystème de la création » qui redonnerait à la France un rayonnement artistique mondial.
Avant-dernier acte pour l'Hôtel de la Marine, ancien garde-meuble royal et théâtre de la Révolution française. Alors que, à la mi-juillet, la commission présidée par Valéry Giscard d'Estaing doit rendre son avis sur l'avenir de l'exceptionnel bâtiment du XVIIIe siècle situé place de la Concorde, le principal candidat à sa reprise après le départ de la Marine nationale en 2014, le groupe privé Allard a joué son va-tout en dévoilant son projet mardi. Malgré le gel de l'appel à projet par l'Etat en mai dernier, les défenseurs d'un bail de très longue durée offrant la gestion de ce patrimoine historique à un investisseur privé ont détaillé leurs ambitions, avec le soutien de poids de l'architecte Jean Nouvel et l'ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres.
De l'art, de l'argent et des emplois
Ce centre présenté comme un véritable «écosystème de la création», sera censé accueillir des métiers d'art, des artistes du monde entier en résidence, des mécènes et des événements culturels majeurs dans le bâtiment qui abrite aujourd'hui l'Etat-major de la Marine national, mais qui resterait propriété d'Etat. De plus, il devrait générer «800 à 1.000 emplois», a expliqué l'homme d'affaires devant la presse. En effet, il prévoit l'installation d'ateliers, de galeries, d'espaces d'expositions et de ventes aux enchères, des studios d'enregistrement, une salle de concert, une cuisine pour «promouvoir les nouveaux chefs», une salle de cinéma, «une multiplicité de ressources», toutes centrées sur la création, a assuré Alexandre Allard. Le coût de la rénovation des trois étages - d'une surface de 24.000 m2, dont 900 m2 sont délabrés - et de la cour centrale est estimé entre 215 et 220 millions d'euros. Pour ce faire, le modèle économique proposé par Allard repose sur un partenariat entre l'Etat, qui reste propriétaire des lieux, et un investisseur qui en assurera la restauration. A terme, le projet devrait générer, selon lui, un chiffre d'affaires de « 80 à 90 millions d'euros » annuel, « de quoi payer et rendre le projet pérenne », affirme-t-il.
Une commission dans le collimateur
Tandis qu'Alexandre Allard présentait son projet «anti-naphtaline», certaines personnalités comme Régis Debray, Pierre Nora ou Jean-Noël Jeanneney ont critiqué et qualifié la future reconversion de l'Hôtel de la Marine de «barnum commercial». En effet, «la commission de la Défense, à l'initiative de son président, le député des Bouches-du-Rhône Guy Teissier, a décidé de confier à la mission de contrôle des crédits du ministère de la Défense le soin d'exercer son pouvoir de contrôle pour déterminer la meilleure utilisation de l'Hôtel de la Marine». Cette commission, présidé par Valérie Giscard d'Estaing, prendra en compte «les aspects patrimoniaux et juridiques des solutions préconisées, ainsi que la question de leur coût à moyen et long terme pour les finances publiques».