L'architecte italien Vittorio Gregotti a été choisi pour réaliser la future salle de spectacles du Pays d'Aix. Pour ce projet en Haute Qualité Environnementale (HQE), le parti pris de Gregotti est de fondre ce nouvel espace au paysage mythique de la montagne Sainte Victoire voisine.

Hasard du calendrier, alors que la 55ème édition du Festival International d'Art Lyrique a été définitivement annulée, Aix-en-Provence dévoile le projet architectural de sa future salle de spectacle de 1.300 places dont l'ouverture est prévue pour le printemps 2007.

Cinq équipes pluridisciplinaires - Battesti, Chaix et Morel, de Porzamparc, Fabre et Perrotet et le lauréat Gregotti - ont planché en finale de ce concours international. Mais le projet de Vittorio Gregotti fait l'unanimité auprès du jury. "Son originalité et son intelligence ont marqué la différence" a expliqué Maryse Joissains Masini, maire d'Aix-en-Provence et président de la Communauté du Pays d'Aix. "Cet espace qui s'efface devant l'urbain et offre de nouveaux lieux de vie s'intègre d'une façon remarquable au projet d'urbanisme en cours. L'attention géographique avec ouverture d'une perspective entre la ville ancienne et la ville nouvelle répondait de manière ambitieuse aux attentes de la Communauté du Pays d'Aix " ajoute-t-elle.

En effet, l'architecte a souhaité que cette salle, qui sera située sur un îlot de 8.500 mètres carrés dans le quartier Sextius-Mirabeau se "fonde au paysage mythique de la Sainte Victoire, sans fracture, avec l'univers moderne qui l'entoure".
Son objectif : reprendre et transposer les strates de ce célèbre paysage "cézannien" en une métaphore urbaine.
Cette transposition est rendue possible grâce à l'utilisation d'une pierre calcaire Massangis jaune clair ou Fontanay, qui, avec une finition de surface brute et irrégulière, rappellera sur les façades l'allégorie des couches géologiques et la stratification dans le temps.
Prenant en compte les immeubles modernes récents et les constructions imminentes d'architectures diverses de l'Opération du quartier Sextius-Mirabeau ; Vittorio Gregotti, pour se raccorder à la complexité de l'environnement, a opté pour la torsion des volumes courbés, et réussi avec harmonie à intégrer ce nouveau lieu aux axes routiers, espaces publics et urbains de ce secteur.

Mais le bâtiment - qui répondra aux critères HQE - se veut également ouvert sur la ville historique. Ainsi, l'axe reliant la vieille ville sera souligné par des allées piétonnes droites habillées de pierre de granit noir du Zimbabwe, offrant ainsi un passage délicatement contrasté de l'histoire vers le futur.

Vittorio Gregotti souhaite faire de son projet, le coeur du quartier Sextius-Mirabeau, un nouveau centre culturel pour le Pays d'Aix.
Formé de multiples rampes inclinées, de terrasses et d'un toit arboré, chaque lieu extérieur offre des perspectives visuelles différentes ; les rampes s'uniront en un patio central protégé du bruit routier (grâce à un système de fermeture de 3 porches métalliques). Ce patio est le passage entre le bruit de la ville et le calme intérieur de la salle de spectacles ; il sera aussi le futur lieu où se tiendront les représentations en extérieur.

Du patio, les spectateurs accèderont au hall habillé de marbre Portoro et de stuc ciré à la vénitienne, par un sas intégralement vitré. Alors que le hall joue sur des volumes spectaculaires, le passage vers les autres lieux (salle, bar...) se fera dans une atmosphère intime et apaisante renforcée par des effets de lumière zénithale rasante sur les murs.

Pour la salle, Gregotti a souhaité d'offrir un volume le plus unitaire possible, afin de permettre une visibilité vaste et diversifiée pouvant se marier aux différents événements mis en scène.
La géométrie de la salle, la disposition des places, un grand parterre sans circulation centrale, trois niveaux superposés de galeries peu profondes fendant trois parois verticales, offriront intimité et recueillement, tant pour les spectateurs que pour les artistes depuis la scène.

Côté acoustique, le théâtre des Champs-Elysées et l'Opéra de Glynebourne ont servi de modèles car elle allient bonne acoustique, intimité, faibles distances, bonne diffusion, chaleur, bonnes relations fosse-scène, fosse-salle, salle-scène... Sous la conduite du cabinet Commins Acoustics Workshop, la nouvelle salle devrait donc bénéficier de bonnes qualités symphoniques sans risque sur le plan acoustique.

En dehors de l'acousticien Commins, Vittorio Gregotti s'est associé pour ce projet à Scène (scénographie), OTH Méditerranée (bureau d'études), Langdon France (économiste) ainsi que le bureau d'études spécialisé en environnement Tribu. Car outre l'insertion du bâtiment dans son environnement, la gestion de l'énergie et son entretien, la qualité du confort thermique et la qualité acoustique ont été définis comme des cibles prioritaires.

Jean-Philippe Defawe

Coût de l'opération

33 652 000 euros HT (valeur 2002) dont :
- Equipement scénique fixe 3 639 840 euros HT
- Mobilier scénographique 2 165 000 euros HT
- Traitement antivibratoire de la voie ferrée 735 000 euros HT

Ce coût intègre l’ensemble des charges directement liées à la réalisation de la Salle de spectacles (y compris honoraires, assurances, frais divers et aléas), ainsi que la prise en compte d’une démarche Haute Qualité Environnementale (H.Q.E.).
A celui-ci s’ajoutent les coûts liés à l’emprise (fouilles archéologiques et paléonthologiques...) ainsi qu’à l’environnement urbain direct (couverture de la voie ferrée...)
Le financement de cette opération sera assuré conjointement par la Communauté du Pays d’Aix, le Ministère de la Culture
et de la Communication, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône ainsi que l’ADEME.

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