Aussi légère qu'une mousse au chocolat, Airium est un nouvel isolant destiné à améliorer la performance thermique des blocs béton. Cette innovation à base de ciment vise dans un premier temps les systèmes constructifs, mais pourrait bien prochainement révolutionner l'isolation des combles. Présentation.
Légère, lisse, moelleuse… il ne manquerait plus que le terme onctueux pour croire à une recette de mousse pâtissière. Et pourtant non. Si cette matière, baptisée Airium, prend effectivement des airs de mousse au chocolat, la comparaison s'arrête là. Ni son odeur, ni sa composition en font un dessert car ici, il s'agit ni plus ni moins qu'un isolant créé dans le centre mondial de recherche & développement de LafargeHolcim près de Lyon.
Présentée ces jours-ci, cette nouvelle technologie a la particularité d'être 100 % minérale : "Elle s'adapte aux chantiers et ses applications sont autant horizontales que verticales", détaille Carlos Espina, directeur recherche & développement de LafargeHolcim. Mais quelle est la recette de cette drôle de mousse ? Si certains éléments restent secrets, l'essentiel est composé d'un prémix (ciment) auquel a été ajoutée une mousse blanche de type mousse à raser constituée adjuvants naturels (protéines). Attention, l'industriel offre une technologie : "On ne vend pas la mousse", tient-il à préciser par la voix de son directeur général commercial ciments, Olivier Guise. Et de compléter : "C'est un système constructif qui est proposé au fabricant de bloc béton". En effet, ici, ce sont les blocs béton qui sont remplis de cette solution par injection via une machine signée Lafarge. Actuellement, quatre industriels prennent part à l'aventure Airium : Alkern dont le site sera inauguré le 25 novembre à Tourville, Fabemi, Pradier et Seac.
Les avantages
L'atout principal de l'innovation : construire et isoler. "Le marché de l'isolation est le reflet d'un marché de masse et Airium permet d'être compétitif", note Olivier Guise. Ce produit a été en partie imaginé afin de répondre à la future réglementation de 2018 ainsi qu'aux enjeux de recyclabilité.
Côté chiffres, on peut citer le coefficient thermique qui atteint 0,042 W/m.k, et une résistance thermique supérieure à R = 1 avec des granulats standards et supérieure à 1,7 avec des granulats légers. Toutefois, le bloc béton rempli d'Airium devra tout de même être complété par des isolants intérieurs et/ou extérieurs de manière à respecter la réglementation. Reste que ce bloc se veut plus performant qu'un bloc classique et devrait permettre d'offrir un gain de temps dans la construction, mais aussi quelques centimètres de surface intérieure. Enfin, "cette solution ne change pas les habitudes des maçons et réduit la pénibilité puisque la mousse se veut légère", indique Olivier Guise.
Bientôt l'isolation des combles ?
Quid de la suite ? LafargeHolcim qui travaille sur ce projet depuis quatre ans, ne compte pas s'arrêter là. Si l'Autriche et le Maroc (avec les toitures terrasses pour ce dernier) sont pour l'instant les deux autres marchés visés avec des chantiers expérimentaux déjà achevés, l'industriel espère pouvoir utiliser cette mousse pour rénover et isoler les combles. Sur ce marché, il devrait être confronté à des acteurs de la mousse expansive polyisocyanurate projetée tel qu'Icynene. Mais cette concurrence ne fait pas peur au cimentier : "Nous sommes sur un matériau plus sain puisque 100% minérale", se défend Lafarge. A voir. En attendant, Airium devrait faire son apparition prochainement sur d'autres marchés comme l'Amérique du Nord, dans d'autres pays d'Europe et l'Afrique du Nord.