PERSPECTIVES. Le 13 février 2019, les industriels signeront avec le gouvernement le contrat instituant un Comité Stratégique de Filière "Industries pour la construction", dont l'AIMCC a été désignée animatrice. Hervé de Maistre et Hugues Vérité, respectivement président et délégué général, lèvent le voile sur les priorités définies par tous les acteurs impliqués.

"2019 sera une année charnière, avec la signature du contrat stratégique de filière le 13 février prochain", annonce Hervé de Maistre, président de l'Association française des industries des produits de construction (AIMCC). Celui qui a été désigné par EGF-BTP (entreprises du bâtiment), Routes de France (entreprises de travaux publics) et Syntec (ingénierie) pour animer ce comité stratégique de filière (CSF) estime qu'il s'agit d'un "engagement durable pour que les acteurs de la construction relèvent les défis gigantesques qui les attendent : transition écologique, numérique, compétitivité…".

 

Son délégué général, Hugues Vérité, qui participera également à l'animation du CSF, détaille : "Le comité 'Industrie pour la construction' s'inscrit dans le cadre du Conseil national de l'industrie renforcé qui a labellisé cette nouvelle filière en avril 2018". Le nombre des filières stratégiques est donc porté à 18. Celle des industries de la construction constituera une communauté particulièrement large et diversifiée avec de la maîtrise d'œuvre, des travaux publics et du bâtiment. "Le contrat sera signé avec les territoires - représentés par les Régions de France et l'Association des maires de France - en présence de trois ministres, dont François de Rugy pour la Transition écologique et solidaire et Agnès Pannier-Runacher, nouvelle secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances". L'objectif de cet accord sera de créer de nouvelles conditions de marché permettant à toutes les entreprises, amont comme aval, de mieux lutter ensemble dans un marché chahuté.

 

Lutte contre l'uberisation et contre les déperditions thermiques

 

Plusieurs priorités ont été définies, sous la forme de six projets structurants et cinq projets simples. Les six premiers portent sur la numérisation, l'économie circulaire, la rénovation et l'efficacité énergétique, l'international et l'export, le soutien aux PME/PMI et l'emploi-formation. Le projet "Boost Construction" par exemple, rentrera dans la priorité de numérisation et sera destiné à mettre sur pied une gouvernance de la donnée Open BIM, pour standardiser les processus et donner de la confiance au marché. Concernant l'économie circulaire, les travaux porteront sur la réversibilité et la modularité des bâtiments, avec la vitrine que constituera le village olympique des Jeux de 2024. Il sera également question de bâtiment "zéro déchet" dans cette thématique. Hervé de Maistre tempête : "Concernant le recyclage des déchets de la construction, ça m'énerve un peu que les efforts remarquables de l'ensemble des acteurs soient gâchés. Les filières ont des feuilles de routes et font l'objet d'engagements face à l'Etat".

 

Sur l'importante question de la rénovation thermique et de l'efficacité énergétique, de nombreuses initiatives seront soutenues, comme la mise en place du Parcours rénovation énergétique performante (PREP) ou l'industrialisation de l'offre. L'AIMCC ajoute qu'un travail sera fait avec les présidents de régions et d'universités pour parvenir à rénover 500.000 m² de bâtiments d'enseignement (soit 3 % du parc) et définir des bouquets d'actions à mener. Des caractérisations techniques de solutions innovantes permettant d'atteindre les performances souhaitées à moindre coût (cible de 1.000 €/m²) sont également attendues. Pour soutenir l'activité des entreprises françaises à l'export, une promotion sera faite à l'international à partir de démonstrateurs industriels de la ville durable avec des cibles prioritaires en zone méditerranéenne et africaine. Quant à l'emploi, il sera question d'améliorer la pertinence des formations en relation avec les besoins des entreprises. D'autres priorités seront également développées, notamment celle du renouveau des routes fluviales pour transporter les matériaux et gravats, la lutte contre les îlots de chaleur ou encore la commande publique exemplaire.

 

 

Hugues de Maistre conclut : "Le Comité stratégique de filière sera 'pratique', tiré par des acteurs économiques, ce qui donne l'assurance d'aller au bout. Ce sera un projet au service de l'ensemble de la filière, et pas uniquement des industriels de la construction, y compris les PME et les artisans. C'est un travail d'équipe". Le président de l'AIMCC voit dans l'établissement du CSF, "un premier signal positif pour 2019".

 

D'une année décevante à une année légèrement plus favorable :
L'enquête de la commission économique, menée par Jacques Manzoni, a pris la forme d'un sondage auprès d'une soixantaine de présidents d'organisations professionnelles, membres de l'AIMCC, sur leur ressenti de l'activité. C'est Carole Deneuve, responsable des statistiques à l'Unicem, qui révèle les résultats : "L'année 2018 a été décevante. Les résultats attendus auraient dû être meilleurs, de l'ordre de +4 à +6 %. Mais la croissance a finalement été de +2,3 % à cause de nombreux facteurs exogènes : intempéries en début d'année, grosses difficultés de recrutements, reports de chantiers, conflits sociaux, rabotage de mesures de soutien, environnement compliqué avec la hausse du prix des matières premières et des coûts de l'énergie… Tout cela a contribué à freiner la dynamique engagée". Dans le détail, le non résidentiel semble avoir bien résisté avec près de 20 millions de m² produits, et les travaux publics ont connu une année solide (+10,5 % en valeur).
Dès lors, que peuvent espérer les chefs d'entreprises pour 2019 ? "Une situation légèrement plus favorable", analyse Carole Deneuve. Environ 1/3 des patrons s'attendent à une stabilisation et 1/2 à une hausse de l'activité. Si le secteur du logement est en pleine phase de ralentissement (-7 % attendus), le non résidentiel et les travaux publics continueront à faire de la résistance (+2 % et +3 %). Le secteur du gros œuvre se montre plus optimiste pour l'année à venir, avec 58 % des décideurs qui anticipent une hausse du chiffre d'affaires et 31 % une stabilisation. "Pour le second œuvre, c'est moins net. La prudence est de mise, avec 1/3 qui attend une stabilité et 1/2 qui anticipe une hausse modeste". Quant au secteur des équipements, il se montrera légèrement moins frileux en 2019 qu'en 2018, où la configuration était celle d'un repli de l'activité.
Hervé de Maistre, président de l'AIMCC, déclare : "Il demeure des points de vigilance dont le retour de l'inflation qui s'est accentué pour nos entreprises en 2018. Il y a eu un nombre important de défaillances d'entreprises chez les clients de nos clients. Le redémarrage est en dents de scie et les acteurs ont une double difficulté : passer des hausses de prix tout en maintenant leur compétitivité". Il souhaite que cette inflation soit contenue et que les perspectives fiscales et réglementaires "ne soient pas changées tous les ans, si possible". Il appelle également de ses vœux "une politique industrielle territorialisée" pour soutenir des acteurs locaux.

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