Un temps mal vu puis victime de la crise, le métier d'agent immobilier semble se renouveler à mesure que le secteur du logement, les normes et les technologies évoluent. Les réseaux s'organisent afin de se rapprocher de leurs clients, vendeurs et acquéreurs, dans un marché qui, après la décennie de hausse des prix et la crise, est devenu plus favorable à des acheteurs désormais informés et exigeants. Profil de l'agent immobilier de demain...
La crise immobilière aura peut-être finalement un effet positif, celui de renouveler le métier d'agent immobilier, une profession où les dérives ont été accentuées par l'explosion du nombre de personnes ouvrant une agence par opportunisme à une époque où l'argent semblait rapide et facile dans ce secteur. Il y a un an, en juin 2009, un baromètre établi par Guy Hoquet l'immobilier avec l'Ifop faisait apparaître que 68% des Français avaient une mauvaise opinion de l'agent immobilier.
Une crise plus tard, avec des transactions en baisse et plusieurs milliers d'agences ayant dû mettre la clé sous la porte, la profession semble toutefois plus optimiste que jamais. «Il y a eu un bon nettoyage qui, à notre avis, a été une bonne chose. Ceux qui pensaient que l'immobilier était une manière de gagner de l'argent facilement et qui n'avaient pas de méthodes de travail ont disparu», indique François Gagnon, président du réseau Era pour la France et l'Europe. «Notre intérêt est que la vente se fasse bien sûr, mais dans de bonnes conditions : car il ne faut pas oublier que l'acheteur d'aujourd'hui est le vendeur de demain».
Savoir communiquer
Les actions des réseaux immobiliers pour perfectionner leur service au client se multiplient. Alors qu'Elyse avenue met l'accent sur le coaching et la communication interne telle que la hot-line juridique pour «permettre des échanges permanents afin d'optimiser les performances de chacun», Century 21 réunit acquéreurs, vendeurs, bailleurs, locataires et professionnels lors de ses «Soirées apérimmos», organisées dans les agences. L'idée est de créer une atmosphère conviviale pour faciliter la rencontre entre tous ces acteurs, «pour apporter un service nouveau, utile et efficace», indique le réseau. Trois éditions de cette opération ont déjà eu lieu, dans différentes villes. «Il y avait une époque où l'agent disait : c'est moi le professionnel, laissez-moi faire, je m'en occupe. C'est fini, car désormais, n'importe quelle personne a accès à un tas d'information. Le rôle de l'agent immobilier n'est donc plus d'apporter l'information, mais d'aider le client à l'interpréter et à faire le tri», estime François Gagnon. Une exigence de conseil et de qualité qui se traduit aussi dans les nouveaux mandats proposés : le réseau Era propose désormais le mandat exclusif, qui est moins un engagement de résultat que de moyens mis en place pour vendre le bien.
Développer les services
La profession travaille donc à une meilleure communication entre les agents et leurs clients, et cela passe par la veille. Sujet d'actualité, les évolutions des normes environnementales (lire page 3) sont scrutées par les professionnels, même si pour le moment, l'obligation de respecter ces normes n'est pas légiférée. Il n'empêche que les acquéreurs sont très attentifs à la qualité environnementale du bien, ou à la somme de travaux à réaliser afin de rendre un logement mieux isolé, et moins consommateur d'énergie. «Le premier critère de choix est la performance énergétique, alors que ce n'était pas le cas il y a encore un an», observe Thierry Cheminant, directeur de formation au sein de la Fnaim. Cette tendance, si elle se confirme, pourrait renforcer des liens entre l'immobilier et l'artisanat. Car en plus du diagnostic énergétique, ce sont des devis d'amélioration des logements que les agents immobiliers devront proposer aux futurs acquéreurs. Pour François Gagnon, c'est surtout «la technologie qui va pousser le métier. On aura bientôt accès en quelques minutes à des comparateurs de taux de crédits, ou de devis pour effectuer les travaux». Selon lui, ces techniques permettront aux professionnels de travailler plus vite, «mais il ne faut pas craindre que la technologie remplace l'agent immobilier, car de plus en plus, on saisit l'importance de comprendre le client, de lire entre les lignes et d'avoir un rôle de consultant. Et ça, l'ordinateur est incapable de le faire !»