SONDAGE. L'Unsfa a recueilli, via deux questionnaires envoyés à toutes les agences d'architecture, leur ressenti sur les conséquences de la crise. Le syndicat en tire quatre enseignements qui rendent nécessaire, selon lui, un plan de relance de l'État à hauteur de 20 milliards d'euros de commandes publique et privée.
L'Unsfa a interrogé, fin mai et début juin, toutes les agences d'architecture sur l'impact de la crise sanitaire, afin "d'avoir des données précises sur le niveau d'activité de nos confrères, sur la reprise des chantiers, sur les freins au redémarrage et sur l'évolution de la commande publique et privée". Ces deux sondages, à trois semaines d'intervalle "offrent une vision" de la situation économique dans les agences d'architecture, explique le syndicat, "mais c'est surtout une véritable radiographie de la filière du bâtiment dans sa globalité. C'est en effet un éclairage prospectif sur le niveau de la commande dans le BTP sur les six mois qui viennent, car de nos études actuelles dépendent les chantiers à venir".
Sur les 22.000 agences françaises auxquelles ont été envoyés les deux sondages, l'Unsfa a recueilli 900 réponses, permettant "une vue fiable du niveau d'activité, toutes tailles d'agences confondues". Le syndicat en tire quatre enseignements.
Absence de nouveaux chantiers
Premier enseignement des questionnaires envoyés aux architectes : les chantiers d'avant crise ont bien repris, mais "il n'y a presque pas de nouveaux démarrages". Si 75% des chantiers sont actifs, l'étude relève toutefois un rythme dégradé d'avancement. Les freins existants sont "plus liés à des difficultés de mise en place du respect des consignes sanitaires et des difficultés d'approvisionnement des entreprises". Mais le vrai problème est ailleurs, selon le syndicat : "il n'y a pas de nouveau chantier ex nihilo à démarrer", puisque les sondages révèlent "un recul de 75 à 100% sur les nouvelles opérations à construire".
Le deuxième constat de la campagne est celui d'"un volume d'activités nouvelles dégradé et des niveaux de facturation en baisse". Ainsi, les études en cours sont reparties avec un niveau d'activité en baisse de l'ordre de 30% en moyenne ; plus généralement, "plus de 50% des agences connaissent une 'période normale' et un tiers un niveau d'activité dégradé de l'ordre de 30%". Cette "constatation inquiétante pour la filière à court terme" l'est encore plus si l'on considère que "pour 80% des agences ayant répondu le nombre de démarrage de nouveau projet en étude est en baisse de plus de 25% dont 30% indiquent une baisse de plus de 75%, ce qui augure d'un nombre d'autant plus faible de chantiers à démarrer à partir de l'automne prochain et jusqu'à la fin de l'année si cet indicateur ne remonte pas rapidement".
En outre, le volume de facturation est dégradé, constate le syndicat. La baisse de la facturation est de l'ordre de 50% en moyenne, et "seules 12% des agences ont un niveau de facturation normal".
Les effectifs vont baisser
Troisième enseignement : "le télétravail et l'activité partielle se poursuit en juin et les perspectives de maintien d'activité sont en baisse tout comme les niveaux de rémunération". Le sondage révèle en effet que le télétravail et l'activité partielle sont toujours la règle pour 30% en moyenne des collaborateurs, légèrement en baisse par rapport au mois de mai où il était plutôt de 40%. Par ailleurs, "les niveaux de rémunération sont attendus à la baisse sur les opérations ce qui n'augure pas de bons chiffres sur le maintien des emplois", déplore le syndicat.
C'est d'ailleurs le quatrième enseignement du sondage : la baisse attendue des effectifs en agence. Si 60% des agences s'attendent à conserver un effectif stable, elles sont 30% à annoncer baisser leurs effectifs sur les mois à venir. Enfin, seules 10% des agences souhaitent augmenter leurs effectifs en dessin, peu sur les postes chantier et administratif. Pour l'Unsfa, il faut s'attendre à "une masse salariale en décroissance de l'ordre de 15 à 20% en moyenne".
20 milliards pour sauver les architectes
Pour le syndicat des architectes, "la relance doit se faire par la mise en œuvre de nouveaux projets publics et privés pour maintenir le niveau des études au sein de nos agences de maîtrise d'œuvre et, au-delà, maintenir le niveau d'activité des entreprises de travaux à une échéance de 6 mois pour le gros œuvre et 12 mois pour le second œuvre". Il estime qu'"une relance sur la base de 30 % de notre chiffre d'affaire est nécessaire". "Pour que la relance soit effective et que les architectes soit stabilisés, le montant des investissements à programmer immédiatement par la commande publique et privée représente donc près de 20 milliards d'euros".