Pour atteindre les 23% d'énergie produite à partir de sources renouvelables fixés par le Grenelle de l'environnement et l'Union européenne, la France devra aussi compter avec le biogaz. Cette matière naturelle renouvelable moins connue concerne divers secteurs, et devra voir ses installations rentabilisées pour continuer sa croissance, selon une étude réalisée pour l'Ademe et GrDF.
A l'horizon 2020, quelque 6 TWh de biogaz seront captés par les installations de stockage, et 5,5 TWh seront produits par les installations de méthanisation : c'est ce qui ressort de l'étude de marché réalisée par le cabinet Ernst & Young pour le compte de l'Ademe et GrDF sur la méthanisation et les valorisations du biogaz.
Celle-ci dresse l'état des lieux de la valorisation du biogaz, et les perspectives d'évolution de cette source d'énergie renouvelable ; des perspectives d'autant plus importantes à chiffrer que le Plan climat européen et le Grenelle de l'environnement ont fixé l'objectif de 23% d'énergie produite à partir de sources renouvelables d'ici à 2020.
La méthanisation est le processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en absence d'oxygène. La matière organique dégradée se retrouve principalement sous la forme de biogaz, aussi appelé gaz naturel renouvelable. L'étude fait ressortir que la plupart des installations de méthanisation (90%) appartiennent aux secteurs de l'industrie et de l'épuration urbaine, dont la croissance est forte depuis les années 1950. Plus récemment, dans les années 2000, le secteur agricole et celui des déchets ménagers ont fait naître des installations de méthanisation de petite taille. Fait nouveau, on trouve désormais aussi des projets centralisés regroupant les déchets en provenance de ces différents secteurs. En 2008, la France comptait 481 sites de production de biogaz, dont la plupart étaient des installations de stockage de déchets non dangereux, pour le reste, il s'agissait d'installations de méthanisation. «Une grande partie du biogaz issu de la méthanisation est valorisée en électricité ou chaleur», relève l'étude.
Revaloriser le tarifs d'achat
Pour atteindre les objectifs de 2020, trois facteurs seront tout de même nécessaires, selon l'étude. Il faudra augmenter la rentabilité des installations, «notamment grâce à la revalorisation du tarif d'achat de l'électricité et à la création d'un tarif de rachat de biométhane», suggère l'Ademe, qui note également que les démarches administratives devront être simplifiées. Enfin, les retours d'expérience devront être positifs pour les secteurs investissant dans la méthanisation. Ces domaines d'activité sont divers : industriel, agricole, stations d'épurations et secteur des ordures ménagères. La valorisation du biogaz devrait continuer à se faire via la cogénération, une technologie qui a l'intérêt d'être maîtrisée par les opérateurs d'énergie. Mais il faudra aussi compter avec «le développement probable de l'injection dans les réseaux de gaz naturel et l'émergence de la valorisation carburant, actuellement observée à l'échelle européenne», conclut l'étude.