EMPLOI. Bien que les entreprises du BTP affirment avoir eu de quoi s'occuper ces derniers mois, une baisse d'environ 4% de l'activité des ouvriers sur les chantiers a tout de même été constatée entre juillet et septembre 2021, comparativement à la même période un an plus tôt. La chute est même de plus de 9% par rapport au niveau d'avant-crise.
Une situation quelque peu paradoxale : alors que les entreprises du bâtiment et des travaux publics affirment qu'elles ont eu de quoi s'occuper durant ces derniers mois, et que l'emploi de la filière semblait pourtant remonter la pente au printemps 2021, une baisse de 4,3% de l'activité des ouvriers sur les chantiers a tout de même été constatée entre juillet et septembre, comparativement à la même période un an plus tôt. La chute est même de 9,4% par rapport au niveau d'avant-crise, plus précisément le 3e trimestre 2019. Le fléchissement de l'activité a en fait concerné tous les segments du BTP, d'après les statistiques du ministère de la Transition écologique : au-delà des heures travaillées par tous les effectifs, celles réalisées par les ouvriers permanents ont reculé de 4%, tandis que celles effectuées par les intérimaires ont diminué de 6,5%.
à lire aussi
La faute notamment aux pénuries et à l'inflation
Toujours selon l'hôtel de Roquelaure, ces chiffres pourraient s'expliquer par une baisse de 2,1% du nombre d'ouvriers permanents au 3e trimestre 2021 en comparaison à la même période l'année dernière. Le plongeon est encore plus important (-5,1%) par rapport au niveau enregistré en 2019. Il n'empêche, l'activité du secteur de la construction ne cessait de progresser depuis le premier déconfinement, au printemps 2020, et le repli assez net enregistré à l'été 2021 contraste avec les trois mois précédents, ceux d'avril à juin, où cette fois l'écart a été de -14,4%. "Cette diminution, plus importante que celle observée en 2019 (-12,1% d'heures travaillées entre le 3e et le 2e trimestres 2019) est attribuable aux congés d'été et à une conjoncture moins favorable sur le secteur, du fait de la hausse du prix des matières premières et des difficultés d'approvisionnement", explique le boulevard Saint-Germain, confirmant les inquiétudes très régulièrement rappelées par les représentants de la filière.
Tous les segments sont donc logés à la même enseigne : la construction de bâtiments a vu ses heures travaillées plonger de 14,3%, quand le génie civil a davantage limité la casse (-7,1%). "Dans ce contexte de repli d'activité, le succès du dispositif Ma prime rénov' semble profiter aux travaux d'entretien-amélioration, le recul du nombre d'heures travaillées étant moindre (-2,9%) pour les travaux de construction spécialisés", analyse encore le ministère. Et le comparatif entre le 3e trimestre 2021 et le 3e trimestre 2019 (donc avant la crise du Covid) est encore plus parlant : dans l'intervalle, les heures travaillées de la construction de bâtiments ont chuté de 19,2%, celles du génie civil de 8,8% et celles des travaux spécialisés de 8,5%.
La baisse du nombre de salariés sur les chantiers se poursuit
à lire aussi
Une situation qui impacte forcément le niveau d'emploi des effectifs : si les organisations du secteur assurent que l'emploi se maintient justement à de bons niveaux, les statistiques gouvernementales montrent malgré tout une baisse de 2,1% sur un an (été 2020-été 2021) de l'emploi des ouvriers permanents, "dans un contexte de prorogation du dispositif de chômage partiel". Le nombre de salariés sur les chantiers, "déjà tendanciellement à la baisse avant la crise sanitaire", a donc continué à reculer : -5% pour la construction de bâtiments, -2,1% pour les travaux spécialisés (dont l'entretien-amélioration), et seulement -0,5% pour le génie civil. L'intérim a également fait les frais de la crise sanitaire, encaissant -6,5% au global, mais dégringolant jusqu'à -19% dans la construction de bâtiments. Pire : par rapport à l'été 2019, l'emploi des ouvriers intérimaires s'est effondré de 23,9% à l'été 2021.
Enfin, le ministère constate un déclin du nombre d'heures travaillées par ouvrier, autrement dit la charge horaire des salariés de la filière, qui a diminué de 13,2% entre juillet et septembre 2021 par rapport aux mois d'avril à juin. En 12 mois, la charge s'est globalement rétractée de 1,9%, jusqu'à -8,6% pour la construction de bâtiments, -5,8% pour le génie civil et -0,9% pour les travaux spécialisés. "Le nombre d'heures travaillées par ouvrier permanent ne retrouve ainsi pas, ce trimestre, son niveau d'avant-crise (-1,8% par rapport au 3e trimestre 2019)", conclut le ministère de la Transition écologique.