C'est finalement un repli de 2.5% qu'enregistre l'activité de l'artisanat pour ce troisième trimestre, alors que les signaux étaient au vert il y a encore quelques semaines. Seuls les travaux de rénovation tirent leur épingle du jeu, un levier que ne veulent surtout pas lâcher les professionnels.
La baisse de l'activité de l'artisanat du bâtiment est de -2.5% sur ce troisième trimestre 2015, avec une chute de 5% dans la construction neuve et un repli de 1% dans l'entretien-rénovation. Seuls les travaux d'amélioration de la performance énergétique (APEL) affichent une progression de 1%, grâce notamment aux effets du Crédit d'impôt Transition énergétique.
« Ce n'est donc pas un trimestre aussi florissant qu'on l'envisageait », soupire Patrick Liébus, ce jeudi 15 octobre, lors d'une conférence de presse de la Capeb. Avant d'ajouter : « Les travaux de rénovation énergétique sont le seul point positif, la seule raison de se dire que l'activité peut être porteuse. Il faut donc préserver cette activité à tout prix, qui peut, à terme, entraîner un redémarrage ! ».
Les carnets de commande font illusion
Tous les corps de métiers semblent concernés par cette dégradation de l'activité, excepté la couverture-plomberie-chauffage qui affiche un recul mesuré de -1.5%, à l'instar du secteur de l'électricité. La baisse est ainsi plus flagrante pour la menuiserie-serrurerie (-2.5%) tout comme l'aménagement-décoration-plâtrerie, mais c'est la maçonnerie qui est toutefois la plus impactée au cours de ce troisième trimestre (-3.5%).
Du côté des carnets de commande, une « timide croissance » s'est opérée, constate la Capeb. Ainsi, ils atteignent 73 jours, contre 71 au T3 2014. « C'est mieux, mais pas encore suffisant », plaide cependant Patrick Liébus. En effet, pour lui ce chiffre cache une autre réalité, celle de la baisse de salariés dans les entreprises. « C'est mécanique, confirme-t-il, les temps des carnets de commandes s'allongent du fait que le personnel est moins nombreux pour travailler. Face à une activité morose, certaines entreprises n'ont pas remplacé des départs à la retraite ou des contrats d'apprentissage… ».
Plus de 40.000 emplois détruits dans l'artisanat depuis 2011
Quant aux trésoreries, leur dégradation ne fait que s'accentuer trimestre après trimestre, les besoins s'élevant, en octobre 2015, à 18.000 euros en moyenne, précise la Capeb. Plus en détail, 45% des entreprises font état de besoins de trésorerie, et 59% d'entre elles de besoins supérieurs à 10.000 euros. Une dégradation qui n'est évidemment pas sans effet sur l'emploi…
Ainsi, les chiffres de destruction d'emplois parlent d'eux-mêmes. Les estimations de la Capeb pour l'année 2015 sont les suivantes : 51.200 emplois détruits dans le BTP ; 30 à 35.000 dans le bâtiment ; 12 à 15.000 dans l'artisanat. « On a été entendus sur beaucoup de choses (CITE, éco-PTZ, TVA…), d'ailleurs ces paramètres nous ont aidés, mais ce qui bloque réellement, c'est le manque de confiance des Français. Tant qu'elle ne sera pas dans le vert, ça ne passera pas ! », martèle le président de la Capeb.
Un avenir incertain
De fait, l'inquiétude est de mise. « C'est décevant, car on avait prévu autre chose. Nos prévisions pour 2015 sont donc revus à la baisse, à -2% contre -1% annoncé », confie-t-il. Quid pour 2016, alors ? « Tout dépendra de l'activité dans la construction neuve. Il faut que ce marché se stabilise, que ceux qui se sont rabattus sur l'entretien-amélioration rebasculent sur leur marché d'origine. Et alors seulement, l'artisanat pourra repartir à partir de mi-2016. Aujourd'hui, on voit de plus en plus de gros faiseurs comme Bouygues, Eiffage ou Vinci se positionner sur des chantiers locaux de taille moyenne, au détriment de nos artisans. Ce qui n'est pas bien sûr sans poser les problèmes de prix, de main-d'œuvre et de qualité… », conclut-il.