Un groupe de travail, sous l'égide du Syndicat de l'Architecture, vient de dévoiler un rapport sur l'impact des règles d'accessibilité dans la construction de logements neufs. Sans surprise, nombre d'entre elles semblent inadaptées aux besoins des personnes handicapées mais également à la réalité du marché du logement. Explications et exemples.
Les architectes ne cessent de le répéter : ils sont engoncés dans un nombre incalculable de règles qui, au final, ne leur permettent pas de répondre aux besoins de chacun et limite leur rôle. Dans le logement neuf, les normes appliquées à l'accessibilité freinent bien souvent la qualité des habitations notamment en raison des surfaces habitables de plus en plus réduites et du coût du foncier à laquelle s'ajoute une réglementation fastidieuse.
Dans ce cadre et pour améliorer la qualité de vie des logements, un groupe de travail réunissant des architectes, des maîtres d'ouvrage et des associations de personnes handicapées, s'est attaché à faire un état des lieux de la situation. Si une seule et même voix converge pour dire que «la nouvelle loi sur l'accessibilité de 2005, issue de celle de 1975, a présenté une avancée primordiale», elle dénonce aussi à l'unisson des règles inadaptées, et ce malgré «de bonnes intentions initiales».
Ainsi, le rapport fait un constat sans équivoque : «La conception des logements ne suit plus l'évolution des modes de vie, mais subit celle des normes et des règles». Attention, l'idée n'est pas d'éliminer la question du handicap dans les logements mais bien de la recentrer sur les réels besoins de cette population. Reste une question centrale : il n'y a pas «un» handicap mais bien des centaines de handicaps qui prennent des formes variées. D'ailleurs, le rapport s'interroge : «Jusqu'à quel point peut-on normaliser une réponse adaptée à la diversité des handicaps, alors même que les besoins diffèrent selon les personnes ?». C'est pourquoi, les experts se rassemblent autour de l'idée de «prévoir des dispositifs opérationnels capables de favoriser une flexibilité pour faire évoluer le plan du logement en fonction du handicap». D'ailleurs pour y parvenir, le rapport préconise «d'envisager de rectifier partiellement les textes de l'arrêté ou les interprétations qu'en donne la circulaire lorsqu'une rédaction maladroite pousse à la confusion».
Adaptabilité et collaboration avec les industriels
Au final, un mot d'ordre : l'adaptabilité. Et ceci, selon les conclusions du rapport, ne pourra se faire sans les industriels. Les membres du groupe de travail ont évoqué à plusieurs reprises «la pauvreté des produits présents sur le marché français en matière de portes coulissantes, de sanitaires et de seuils de porte-fenêtre notamment». Et d'ajouter : «Une proposition plus élargie de matériel répondant aux normes d'accessibilité permettrait une mise en concurrence des fabricants et ainsi une réduction certaine des coûts de construction». L'étude revient également sur «le coût des produits adaptés qui reste très supérieur à celui des produits classiques. De plus ils sont généralement prévus pour l'hospitalier, ou pour les établissements dédiés aux personnes âgées... et ils instaurent automatiquement une ambiance médicalisée dans les logements». Les professionnels et associations ont l'air d'avoir trouvé un terrain d'entente et espèrent maintenant être entendus et voir les instances administratives prendre la balle au bond.
L'ensemble du rapport et des propositions sont disponibles sur le site du syndicat des architectes : http://syndarch.com/