ENQUÊTE. Une étude menée à l'initiative du Défenseur des droits et du ministère de la Cohésion des territoires est parvenue à révéler qu'une fois rappelées à la loi, les agences immobilières étaient moins enclines à discriminer les candidats à un logement en fonction de leurs origines.
Alors que paraissait en mai dernier un testing de SOS Racisme confirmant l'importance de la discrimination dans l'accès au logement, le Défenseur des droits constate l'impact positif "à court terme" d'un courrier de sensibilisation envoyés à des agences immobilières.
Le test a été réalisé dans le cadre d'une étude "Mesurer l'impact d'un courrier d'alerte sur les discriminations selon l'origine dans l'accès au logement" (Micado), à la demande du Défenseur des droits et du ministère de la Cohésion des territoires, et a été mené auprès de "343 agences immobilières à risque discriminatoire" dans les 50 plus grandes villes de France.
10% de réponses positives supplémentaires
Cet échantillon a ensuite été réparti sur deux groupes, l'un faisant l'objet d'un courrier de sensibilisation nominatif, l'autre "ne recevant aucune information". Le suivi effectué sur le premier groupe s'appuyait sur le traitement de deux demandes distinctes de visite d'un logement par des candidats au profil identique, l'un "avec une origine française présumée", l'autre d'origine "maghrébine".
Recevant en plus d'un courrier de sensibilisation, un manuel du guide "Louer sans discriminer", ce groupe a prouvé que la démarche de rappel à la loi était "un puissant réducteur de discriminations intervenant lors de la sélection des candidats à une visite du logement", jusqu'à 9 mois après l'envoi du courrier.
"Si le courrier semble prévenir significativement les risques de discrimination (…) cet effet s'atténue (…) et ne se maintient pas 15 mois après l'envoi du courrier", conclut l'étude. A titre d'illustration, trois mois après la réception de la missive, le candidat dit d'origine maghrébine a obtenu 47% de réponses positives, soit 10% de plus que quand l'agence n'avait pas été sensibilisée par le Défenseur des droits. 15 mois plus tard, cette tendance retombe légèrement à 44% de réponses positives pour le premier groupe.