Les ouvriers du BTP et de l'industrie restent les plus touchés par l'absentéisme, en particulier dans la tranche d'âge des 30-39 ans. Un véritable enjeu pour les dirigeants d'entreprises qui considèrent que cela impacte la performance de toute l'organisation. Malakoff Médéric livre les résultats de son étude sur les arrêts maladie et dévoile les grands facteurs qui influent sur la tendance.
En 2016, environ 34 % de tous les salariés ont été absents au moins une fois pour maladie, un chiffre élevé mais stable depuis 2013. Mais certains secteurs de l'économie sont plus touchés, comme le révèle Malakoff Médéric, spécialiste de la protection sociale complémentaire : l'industrie et le BTP se situent au-delà de cette moyenne avec 38,9 % des salariés arrêtés au moins une fois par an.
Les ouvriers sont particulièrement concernés, puisque cette catégorie socio-professionnelle montre un taux d'absentéisme très élevé, de 40,7 %, devant les agents de maîtrise et techniciens (36,2 %) et les employés (34,5 %). Chez les cadres, la proportion tombe à 27,8 %, un chiffre en baisse par rapport à 2015. Autre facteur qui influe sur l'assiduité des salariés, la tranche d'âge étudiée. C'est la population des 30-39 ans qui est la plus concernée de toutes, avec 37,8 % de salariés arrêtés au moins une fois dans l'année. La taille de l'entreprise joue également un rôle : les indicateurs d'absentéisme grimpent avec les effectifs. Dans une petite structure, de moins de 20 personnes, le taux moyen s'établit à 30,6 %. En revanche, dans une grosse entreprise de plus de 1.000 salariés, il connaît une forte croissance pour atteindre les 36,2 %.
La durée des arrêts de travail varie grandement selon les motifs invoqués. Une maladie ordinaire (grippe, angine, gastroentérite) entraînera une absence courte, de l'ordre de 1 à 3 jours, dans 65 % des cas. En revanche des troubles musculo-squelettiques (TMS) ou des troubles psychologiques liés au stress ou à la fatigue, nécessiteront des arrêts de durée intermédiaire, de 4 à 30 jours. Ils comptent respectivement pour 23 et 21 % des cas. Enfin, les arrêts les plus longs sont liés à des accidents ou traumatismes (20 %) mais également à des TMS (16 %) et des troubles psychologiques (16 %). Malakoff Médéric note que les arrêts maladie étaient en majorité prescrits par le médecin traitant (73 %). Ces derniers déclarent orienter leur patient vers la médecine du travail, notamment lorsqu'ils ont un doute sur la durée nécessaire de l'arrêt ou lorsqu'une adaptation du poste de travail est nécessaire. Nombreux sont les praticiens à déclarer "utile de proposer aux salariés en arrêt maladie des services d'accompagnement" pour faciliter leur retour à l'emploi.
Mieux prévenir les maladies pour diminuer les arrêts
L'étude souligne également que près de 20 % des arrêts de travail prescrits en 2016 n'ont pas été suivis. Certains n'ont été pris qu'en partie (7 %) et d'autres ne l'ont pas été du tout (12 %). Les salariés expliquent ce refus par le fait "qu'ils n'ont pas l'habitude de se laisser aller" (48 %), pour des raisons financières (29 %) ou par la crainte d'avoir une surcharge de travail à leur retour (23 %). La pression hiérarchique est également invoquée (22 %) tandis que d'autres estiment être irremplaçables (20 %). Cependant, plus du tiers de ceux ayant renoncé à respecter leur arrêt disent le regretter a posteriori, évoquant un allongement de la durée de la maladie (53 %), voire une rechute (50 %) ou un impact sur leur moral (45 %).
Du côté des dirigeants d'entreprises, l'absentéisme est un enjeu de performance important qui les préoccupe (56 %). Un chiffre plus élevé dans le BTP (68 %) et qui est proportionnel à la taille de la société (69 % dans une entité de plus de 50 salariés). La plupart des décideurs interrogés estiment qu'une diminution du taux d'absentéisme améliorerait la performance de leur entreprise et que le sujet devrait être débattu avec l'ensemble des salariés, y compris managers et syndicats. Malakoff Médéric a calculé que, pour un établissement de 1.000 personnes, les arrêts maladies reviennent à se passer de 43 équivalents temps plein sur l'année. De quoi inciter les chefs d'entreprises à mieux prévenir et dépister les maladies professionnelles et adapter si besoin les postes à leurs employés.