Roppongi Hills, un énorme complexe résidentiel, de bureaux, boutiques et musées, a ouvert vendredi en grandes pompes à Tokyo, malgré des craintes de krach immobilier liées à une multiplication des projets dans un contexte d'atonie économique.

Ce grand ensemble qui s'est fixé comme objectif de métamorphoser le quartier des noctambules de Roppongi, a été inauguré au son des tambours traditionnels (taïkos). Il est formé d'une immense tour en forme de champignon et de deux plus petites sur un total de 11,6 hectares. A terme, 20.000 personnes devraient y travailler dans 210 magasins et restaurants et 100.000 visiteurs sont attendus chaque jour.

La tour Mori qui s'élève à 238 mètres, a été baptisée du nom de Minoru Mori, le promoteur du site qui possède la compagnie Mori Building et a déjà développé plusieurs ambitieux projets dans la capitale. La tour est le deuxième plus haut immeuble de Tokyo (cinq mètres de moins) que celui abritant le gouvernement de la région de Tokyo, construite par Kenzo Tange et inspirée de Notre-Dame de Paris.

Roppongi Hills situé à quelques encâblures d'une zone de night-clubs et du quartier résidentiel d'Azabu où sont installées plusieurs ambassades, a nécessité un investissement de près de 280 milliards de yens (2,3 mds USD, 2,1 mds EUR), selon Shintaro Yabashi, porte-parole de Mori.
Si l'on inclut les terrains que le groupe a dû acheter sur 17 ans (en expropriant de nombreux résidents), le coût du projet se monte à 500 milliards de yens.

Roppongi Hills n'est pas le seul projet pharaonique inauguré récemment à Tokyo puisque qu'il rivalisera avec le quartier de Shiodome, proche de la baie de Tokyo, dominé par le Shiodome City Center qui culmine à 125 mètres.

Le groupe Mori Building n'est pas inquiet d'un risque de saturation du marché immobilier où les projets pullulent en raison de la mise à disposition de nombreux terrains par l'ancienne compagnie National Railway et de la déréglementation du secteur. Pourtant l'activité économique stagne depuis plus de dix ans et que de nombreuses filiales de firmes étrangères ont fermé leurs portes ces derniers mois.
"Les qualités de cet ensemble avec un environnement de grand standing et attractif pour les bureaux tout comme les installations résidentielles, commerciales et culturelles nous rend fortement compétitif", a estimé M. Yabashi, affirmant que le taux d'occupation des locaux est de 80 à 90%.

Roppongi Hills héberge des bureaux équipés des technologies les plus sophistiquées, un hôtel de luxe, le centre de télédiffusion du groupe Asahi TV, une piste d'atterrissage d'hélicoptères, des salles de cinéma, une école, des boutiques, des clubs privés, des salles de sport/relaxation et des restaurants.

La superficie totale des nouveaux immeubles ouverts au centre de Tokyo en 2003 atteindra un record de 2 millions de mètres carrés, le double du record précédent établi à la fin des années 80 lorsque le Japon traversait une période sans précédent de bulle spéculative.

La firme de recherche privée Ikoma Data Service Systems a indiqué dans une étude cette semaine que le taux d'inoccupation de bureaux atteignait 6,1% en décembre 2002, soit 1,8 point de plus qu'un an plus tôt.

Mayumi Harima, une chercheuse d'Ikoma a estimé qu'il a certainement progressé depuis, en soulignant que beaucoup de propriétaires proposent des locaux sans demander de loyers les premiers mois. "Comme le marché est vraiment mauvais, ils offrent souvent des "loyers gratuits", ce qui équivaut à un rabais même s'ils maintiennent leur tarif officiellement", a-t-elle noté.

Ces loyers offerts portent souvent sur un ou deux mois mais peuvent durer six à douze mois dans certains cas, selon la chercheuse qui estime que les propriétaires des nouveaux flamboyants immeubles de Tokyo, "auraient pu les louer beaucoup plus cher il y a deux-trois ans".

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