EXPERIMENTATION. Pour combattre son déclin démographique et les vacances de logements qu'il engendre, la municipalité de Roubaix (Nord) a lancé une initiative unique en France : proposer aux particuliers d'acquérir des maisons (en contrepartie de travaux de rénovation évidemment) pour la modique somme de 1 €. Plus de 70 candidatures ont été reçues à ce jour.
Vendre à des particuliers des maisons individuelles pour la modique (et symbolique) somme de…1 €. La municipalité de Roubaix planchait sur cette initiative depuis 2015, en souhaitant s'inspirer de ce que la ville britannique de Liverpool avait fait en la matière. Le dispositif, unique dans l'Hexagone, a été officiellement lancé le 6 octobre 2017, en contrepartie d'un engagement des futurs acquéreurs à effectuer des travaux de réhabilitation. A l'époque, cette dernière affirmait sa volonté de "lutter contre les problématiques d'adéquation entre logements vacants et demandes de logements". De son côté, Damien Castelain, président (sans étiquette) de la MEL (Métropole européenne de Lille) expliquait à l'AFP : "Il est important de redonner une dynamisation à ces quartiers ; c'est pour cela que nous avons ces politiques de maison à un euro, pour éviter d'avoir ces maisons abandonnées et murées". Par la suite, l'appel à candidatures pour 17 habitations de la commune a été lancé au début de l'année 2018, les particuliers ayant jusqu'au 31 mai dernier pour déposer leurs dossiers. L'échéance étant dépassée, la ville de Roubaix peut maintenant étudier les candidatures.
Des critères bien définis, des coûts de rénovation conséquents
"824 dossiers retirés et 74 candidatures déposées témoignent de l'intérêt des habitants pour cette expérimentation", indique la mairie nordiste dans un communiqué repris par l'AFP, précisant même que la majorité des candidats possèdent des revenus "très modestes". Il faut néanmoins souligner que des critères stricts devaient être remplis par les particuliers souhaitant acquérir une des 17 maisons à 1 € : être primo-accédant, effectuer des travaux de rénovation suivant un cahier des charges précis établi par la municipalité, et résider dans l'habitation pendant au moins six ans. Les biens proposés sont tous dans un état fortement dégradé mais affichent des superficies variées, allant du T2 de 62 m² au T5 de 126 m² avec jardin. Quant aux coûts de réhabilitation de ces logements, ils sont estimés entre 43.000 et 179.000 €, sachant que les acquéreurs pourront bénéficier de subventions pour réaliser les travaux. Fait notable, les candidats se sont surtout positionnés sur les maisons disposant d'une superficie supérieure à 75 m².
Une initiative unique contre le déclin économique et démographique
Les résultats sur l'éligibilité et le classement des candidats seront communiqués par la ville de Roubaix à la fin du mois de juin. Les habitations seront ensuite attribuées en septembre, avant la signature des premières ventes chez le notaire au premier trimestre 2019. Restera à voir si l'expérimentation s'avère concluante, la municipalité affirmant qu'elle souhaite "appréhender la problématique du logement non pas seulement à travers le prisme de la construction neuve, comme il est d'usage dans les dispositifs de rénovation urbaine, mais en s'intéressant au logement ancien". Car Roubaix est bel et bien confrontée à un phénomène de chute démographique depuis la désindustrialisation et le récession économique qu'elle a générée : la population roubaisienne est passée de plus de 110.000 habitants dans les années 1960, âge d'or du textile, à 96.000 aujourd'hui. Selon les chiffres de l'Insee, le taux de pauvreté atteignait même en 2014 les 43% dans cette commune de la banlieue lilloise. Si l'expérimentation est concluante, elle pourrait éventuellement être reconduite, la municipalité recensant 4.000 logements vacants sur son territoire.