REPORTAGE. De jeunes architectes, conscients des grandes quantités des déchets générés par le BTP, ont décidé de valoriser les gisements disponibles en les revendant. Une initiative locale et écologique que Batiactu vous fait découvrir.
Ils sont 12 et ont choisi de valoriser l'existant. Au sein de l'association Zerm, de jeunes architectes âgés de 25 à 32 ans et issus de l'École nationale supérieure d'architecture et de paysage de Lille, agissent pour transformer le BTP en un secteur plus durable. Ils ont lancé le projet Le Parpaing, qui réunit un magasin de matériaux de réemploi, une formation à la dépose sélective et une branche expertise. Depuis janvier 2023, les porteurs du projet conservent, dans un hangar de 1.000 m² à Roubaix (Nord), leur stock de matériaux qu'ils nettoient et remettent en état. "Table réfrigérée, porte vitrée, carreaux de faïence, marbre en vrac, urinoir ou applique murale… Notre sélection d'articles est très variée", affirme à Batiactu Siriane Benbahlouli, chargée de développement réemploi.
Les produits sont vendus dans cet atelier-entrepôt à des professionnels et entreprises de la construction. Pour ce faire, les intéressés sont invités à se rendre sur le site internet Le Parpaing et à sélectionner les articles dont ils ont besoin. Ils recevront ensuite un e-mail de confirmation de la disponibilité des produits, accompagné d'un devis. Une visite de l'atelier, rue du Nouveau Monde, peut après quoi être organisée pour consulter les matériaux et matériels recherchés. Plusieurs créneaux de retrait sont proposés, selon les disponibilités des acheteurs. Une livraison est ensuite prévue. Le prix des produits est calculé selon la valeur du bien, l'emprise au sol du gisement et le coût de remise en état. "Le prix moyen est 30% moins cher que du neuf", chiffre Romain Brière, chargé de la coordination et du pilotage du Parpaing.
Remise aux normes
L'aventure du Parpaing a débuté en 2017. "Nous avons pu récupérer des matériaux sur un chantier de déconstruction industrielle et avons constitué notre premier gisement", raconte l'architecte. Depuis, le collectif a eu le temps de constituer un stock important, et de diversifier les produits qu'il réemploie. Un grand travail de recherche et de mise aux normes est mené par Zerm, "même si cela est coûteux. Les lampes halogènes sont par exemple transformées en Led, afin de respecter les normes actuelles", précise le représentant du Parpaing. "Nous nous interdisons cependant certains gisements, tels que les faux plafonds ou la menuiserie, qui pourraient être trop volumineux, ne se vendraient pas ou prendraient trop de temps à revaloriser."
Outre la remise en circulation des matériaux de seconde main, Le Parpaing propose aussi un service d'expertise, avec un bureau d'étude technique réemploi et une assistance à maîtrise d'ouvrage, ainsi qu'une formation à la dépose sélective, à la conception et à la construction en réemploi. Aujourd'hui, Romain Brière considère que les maîtrises d'ouvrage "ont assimilé le réemploi" mais celui-ci n'est pas "encore ancré dans le milieu du BTP". "Des freins et incertitudes subsistent, notamment sur le plan assurantiel dans le neuf." Malgré tout, le représentant du Parpaing affirme que le magasin a su "développer sa clientèle" et réfléchit à la création d'un dépôt-vente, dans ce même hangar, en 2024. "Notre autre projet est de nous spécialiser dans le réemploi de sources minérales." Affaire à suivre, donc.
Un mot sur Zerm
Zerm est un collectif d'architecture créé en 2017 par des diplômés de l'École nationale supérieure d'architecture et de paysage de Lille. Il travaille sur une grande variété d'opérations, avec comme axes les projets low-tech, de réhabilitation et de réemploi. Il conçoit également des scénographies et expositions.
à lire aussi