Comme après chaque coulée, la Route des Laves a été reconstruite dans l’urgence pour permettre provisoirement aux véhicules de circuler entre l’est et le sud réunionnais. Mais la coulée de 2007 a été beaucoup plus importante que d’habitude, recouvrant la chaussée sur plus d’un kilomètre. Récit d’un chantier de reconstruction exceptionnel sur de nombreux aspects.

Il est habituel que les coulées de lave du Piton de la Fournaise, le volcan actif de la Réunion, avancent jusqu’à la mer, coupant la route nationale sur 300 à 500 mètres. Mais l’année dernière, une éruption particulièrement importante a recouvert 1,5 kilomètre de la portion de route que la DDE doit refaire régulièrement.

La coulée, qui a duré d'avril à mai 2007, a donc causé plus de dégâts qu’habituellement. Sur la route nationale, elle a été plus longue et plus épaisse, atteignant 60 mètres par endroits. La DDE a donc dû attendre plus longtemps pour entamer les travaux, laissant l’île coupée en deux pendant plusieurs mois. Et obligeant certains Réunionnais à faire un gros détour en voiture pour aller au travail.

«La consultation lancée en juin 2007 a été remportée par la SBTPC (Société Bourbonnaise de Travaux Publics et de Construction – Groupe Vinci). Les travaux ont commencé en juillet, selon la procédure d’urgence. En même temps ont été lancées des mesures de températures faites par l’Observatoire et l’IPGP (l’Institut de Physique du Globe de Paris)», résume Nicolas Freitas, responsable de l’antenne sud de la DDE.

550°C sous les pieds
Avec des températures atteignant jusqu’à 550 degrés en couche superficielle (moins de 2 mètres), l’entreprise était bien plus délicate qu’à l’accoutumée. En août sont tombés les premiers résultats des études de gravimétrie faites par l’IPGP. Celle-ci révélait par endroits des cavités, ralentissant le chantier, puisqu’un terrassement long et méthodique paraissait indispensable.

Et c’est ainsi qu’un tractopelle avec BRH (brise-roche hydraulique) fut assuré par un câble à un autre engin afin de «creuser la lave sur deux mètres». Si aucune cavité n’apparaissait, ceux-ci poursuivaient leur avancée. Dans le cas contraire, «il fallait procéder à un carottage. C'est-à-dire qu’on ouvre, on bouche et on referme», poursuit Nicolas Freitas. Livrée le 7 novembre 2007, la reconstruction aura coûté 1,3 million d’euros, pour cinq mois de travaux.

Premiers «décrochages»
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Trois mois après la réouverture de la route – et le soulagement des habitants de cette partie de l’île – des premiers signes de «décrochage» sont apparus. Nicolas Freitas explique qu’«à la jonction entre l’ancienne route et le remblai 'neuf', une cassure a été observée sur le muret, fendu en deux. C’est surtout lié au retrait thermique de la coulée». Peu à peu, la lave refroidit. Et entraîne avec elle le tassement du terrain.

Un risque que la DDE avait prévu. D’ailleurs, «nous avions installé des témoins pour suivre l’évolution à court terme. Et la chaussée n’est recouverte que d’enduit, l’enrobé étant généralement réalisé un ou deux après, le temps que la lave refroidisse. Mais cette fois, il faudra attendre plus longtemps», précise Nicolas Freitas. Quand des trous apparaissent sur la chaussée, «on purge et on comble». Pour pérenniser la fameuse Route des Laves, une inspection au radar (destiné aux missions sur Mars) sera réalisée, afin de savoir avec précision ce qui se cache dans son ventre.

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