A Paris, six studios se superposent sur une minuscule parcelle

 

Pour réaliser cette transformation, le bailleur social, RIVP, a confié l'opération à l'agence ABN/Bertrand Naut et à APGO/Grégoire Oudin. Un sacré défi pour ces architectes parisiens : "Tout était à revoir. L'établissement était en très mauvais état, et les conditions de vie loin d'être aux normes, avec seulement deux cabinets de toilette pour l'ensemble des espaces de vie. Il a donc fallu tout casser, ou presque", raconte Bertrand Naut. Les concepteurs ont donc fait table rase du passé, et plus particulièrement des trois chambres exigües et sans commodité par palier, pour construire six studios coquets de 30 m2 chacun.

 

Six studios coquets
Afin d'optimiser chaque mètre carré, les étages ont été décloisonnés faisant émerger des studios avec salle de bains donnant sur la cour et coin cuisine : "Nous avons repris les fenêtres de l'arrière du bâtiment afin d'assurer un éclairage naturel. Néanmoins, ces ouvertures restent fermées pour des raisons de coupe-feu", précise Bertrand Naut. Au sommet, on trouve un duplex d'une trentaine de mètres carrés dans les combles : "Nous avons modifié l'inclinaison pour avoir plus de volume", note l'architecte. Et pour passer du dernier étage au rez-de-chaussée, il faut utiliser une cage d'escalier étroite refaite à neuf également qui permet d'aller dans le hall où sont implantés un grand local à poubelles et un parking à vélos :"Nous avions envisagé d'installer un ascenseur, mais cela revenait trop cher", ajoute le concepteur. Et la parcelle était trop étroite. Un paramètre que d'ailleurs les architectes ont du prendre en compte pour aménager le rez-de-chaussée. Avec une emprise au sol de 45 m2, le projet illustre parfaitement la problématique du foncier en zone tendue, notamment à Paris. Et les mensurations en sont la preuve : 3,80 m de large, 11 m de profondeur sur environ 25 m de haut.

 

Un bâtiment plein de surprises
Concernant l'extérieur, les architectes lui ont aussi donné un coup de jeune : "Si les façades n'étaient pas très abîmées, nous avons tout de même renforcé l'isolation à l'intérieur pour celles sur rue et à l'extérieur pour celles sur cour. Lors de nos interventions, nous avons été étonnés de voir que les murs côté rue mêlaient structures métalliques et briques tandis que ceux de l'arrière étaient en pans de bois", explique l'architecte. Des découvertes qui traduisent le joyeux bric-à-brac de ce bâtiment du 17ème siècle, qui a dû avoir plusieurs vies. Et ce n'est pas tout, des surprises, les maîtres d'œuvre en ont eues d'autres puisqu'ils ont eu la joie de découvrir un élément qui leur a donné une idée : "Lors de nos relevés, nous sommes tombés sur un vieux garde-corps dans la cave voûtée. Nous nous en sommes inspirés pour imaginer les motifs de la tôle perforée de la porte d'entrée de l'immeuble", souligne Bertrand Naut. Ce sont donc de belles volutes qui viennent orner la devanture jaune bordant la rue. Reste que si ces dessins ne sont pas décriés, la couleur a suscité des réactions tranchées : "Certains adorent, d'autres détestent", commente l'architecte. Difficile de faire l'unanimité… Malgré cela, cette touche de couleur parvient à donner une identité urbaine à ce bâtiment fraîchement rénové.