CHANTIER. Une réhabilitation et extension sont menées pour abriter les espaces des trois sites du Centre national des arts plastiques, au nord de Paris. Batiactu vous présente ce nouveau projet XXL.
Il est, pour l'instant, difficile d'imaginer à quoi va ressembler le futur Centre national des arts plastiques (CNAP) depuis l'intérieur du bâtiment désossé. Mais d'ici 2027, les Franciliens pourront admirer l'ouvrage qui servira à accueillir la collection de plus de 100.000 œuvres du CNAP. C'est à Pantin, en Seine-Saint-Denis, qu'il a été choisi de construire cet édifice de 33.000 m² dont les travaux ont démarré il y a peu. À quelques pas du Centre national de la danse et de la future gare de Pantin, qui devrait ouvrir dans deux ans, le lieu est "chargé d'histoire", affirme Betrand Kern, édile de Pantin, lors d'une visite de presse le 26 mars 2024.
L'édifice, à l'origine une usine Schweppes, est actuellement réhabilité et sera complété par une extension. L'objectif du futur site du CNAP est de réunir sur 1,77 hectare les espaces des trois sites actuels du centre, dispersés en Île-de-France et installés dans des espaces inadaptés et coûteux. L'ensemble des activités du CNAP sera ainsi regroupé dans la ZAC Ecoquartier Gare-Quatre Chemins.
Qu'est-ce que le CNAP ?
Le Centre national des arts plastiques est l'un des principaux opérateurs du ministère de la Culture dans le domaine des arts visuels. Il acquiert pour le compte de l'Etat des œuvres qu'il conserve et diffuse auprès de bénéficiaires en France et à l'étranger. Il a pour mission de soutenir, encourager et accompagner les artistes et l'ensemble des professionnels du secteur, mais aussi valoriser des projets. Il sert par ailleurs de centre de ressources pour tous les professionnels de l'art contemporain, les collectivités et commanditaires.
Signé Bruther et Data
Le nouvel équipement est conçu par les agences d'architecture Bruther et Data, qui ont remporté le projet en dialogue compétitif en 2019. Ils imaginent l'ensemble comme un laboratoire, un espace de rencontres et de débats, mais aussi comme un centre de recherche sur les collections.
Les cabinets ont imaginé un projet "sobre et efficace" en s'appuyant sur les qualités de l'entrepôt industriel préexistant. Dans le détail, une grande partie du site - le bâtiment réhabilité - "sera utilisé pour la conservation des œuvres d'art sur plusieurs niveaux. L'ancien hangar, robuste, possède une structure incroyable et une façade de 80 mètres de long", présente Stéphanie Bru, cofondatrice de l'agence Bruther.
La disponibilité de l'espace et la solidité de la structure répondent aux exigences de conservation préventive du CNAP (contrôle climatique, soin de la mise en œuvre, ergonomie des espaces, gestion des flux et articulation entre les différentes fonctions du bâtiment). "Dans ce bâtiment, nous travaillons les vides. Nous voulons démolir le moins possible, et avons choisi de retirer les quais de déchargement et le volume où étaient regroupés des bureaux." Les espaces seront, en effet, transformés au minimum - seules de petites extensions sont supprimées - et seront isolés pour offrir une bonne stabilité thermique.
L'extension neuve, quant à elle, sera circulaire et possédera une façade sur rue en partie vitrée pour donner à voir l'activité intérieure de l'édifice. Elle abritera les bureaux, les ateliers de restauration et de traitement des œuvres, les espaces logistiques et un centre de documentation ouvert aux professionnels et aux chercheurs. "Ce futur lieu de vie sera connecté à la réserve par une galerie", précise l'architecte. "Cette colonne vertébrale, baptisée 'Mouvement des œuvres', assurera un fonctionnement stable et étanche des réserves, et leur déplacement", indique-t-elle.
"Soutenir la création de demain"
Les architectes ont souhaité façonner un bâtiment "durable", à la bonne performance énergétique. Ainsi, des matériaux seront réutilisés, la conservation encouragée, notamment de la façade. Cette dernière, légèrement inclinée, créera des variations de volumes et de hauteurs.
L'accueil des œuvres est prévu en 2027. Les travaux ont déjà démarré. Une première phase de curage et de démolition s'est achevée en 2021, puis les études de projet et les consultations des entreprises ont pu être lancés. Le chantier a officiellement démarré en octobre 2023. L'opération devrait coûter 94,4 millions d'euros, financés par le ministère de la Culture. "Imaginer de nouveaux locaux, c'est soutenir la création de demain", estime la ministre de la Culture, Rachida Dati. "Nous nous tournons vers l'avenir, et nous inscrivons [le bâtiment] dans l'histoire puisque le CNAP est une division des Beaux-arts."
à lire aussi