ARCHITECTURE. Des organisations professionnelles et syndicales du bâtiment et de l'architecture de la région Sud ont contesté le choix récent de la mairie de Marseille d'opter pour le marché global de performance pour rénover cinq écoles Gep. La mairie a dû renoncer à cette décision.
C'est une petite victoire pour les architectes de la région sud. À Marseille, la mairie a renoncé à la procédure du marché global de performance (MGP) pour rénover plusieurs établissements scolaires. Celle-ci avait initialement voté la rénovation de cinq écoles Gep lors de son conseil municipal, qui s'est tenu le 2 avril dernier. La procédure choisie pour cette rénovation était une procédure MGP, qui exclue ainsi l'accès direct à la commande publique des petites et moyennes entreprises ainsi que la maîtrise d'œuvre et les architectes.
"Le MGP 20 à 30% plus cher"
Suite à l'annonce du conseil municipal, le collectif Marseille contre les MGP, qui regroupe plusieurs organisations professionnelles et syndicales, a adressé un courrier au maire de Marseille pour contester cette décision. Le collectif a demandé le retrait pur et simple de la procédure d'appel d'offres en MGP. "Nous sommes contre ce type de procédure. Nous avons constaté que le MGP coûte 20 à 30% plus cher qu'en loi Mop", indique Maxime Repaux, président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône et membre du collectif Marseille contre les MGP, contacté par Batiactu. La loi Mop permet la tenue d'études de faisabilité préalables, des procédures de concours d'architecture, des études en toute indépendance et des appels d'offres de travaux passés en maîtrise d'ouvrage publique, en corps d'état séparés.
Le collectif regrette de ne pas avoir été sollicité par la mairie. "Ce qui était évoqué pour justifier le MGP, c'était la volonté de garantir les délais impartis. Ce n'est qu'un prétexte pour confier des travaux et orienter le marché vers les majors", assure Maxime Repaux. "Nous sommes capables d'aller vite. Et puis, en temps de crise sanitaire et économique, il faut soutenir les entreprises locales, les TPE et PME." Surtout, choisir le MGP entraîne la perte de garantie d'indépendance pour la ville, selon le collectif. "On ne défend plus alors l'intérêt public mais privé. C'est contraire à notre code de déontologie, qui défend le maître d'ouvrage."
Un budget alloué de 85 millions d'euros
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Le collectif a obtenu de la municipalité le renoncement à la procédure MGP. "Nous saluons cette décision et avons convenu avec la mairie de rencontrer le maire pour analyser les choses en détails. Un budget de 85 millions d'euros est prévu pour la rénovation de ces cinq écoles. Nous pensons que nous pouvons dépenser moins." Si le rendez-vous n'est pas encore fixé, il devrait avoir lieu "cette semaine ou courant de la semaine prochaine", selon le président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône. "Cette réunion sera l'occasion de discuter des détails de la modalité de réalisations des études et des travaux, mais aussi parler plus largement de l'aménagement urbain de la ville de Marseille."
"L'ensemble des acteurs du bâtiment s'était déjà battu contre le MGP. Nous avions démontré que nous étions capables de faire de la rénovation lourde, tout en économisant", a rappelé Maxime Repaux. "Le collectif va continuer de mener des actions dans la région sud. Certains bâtiments ont un objectif de performances assez moyen, avec à peine un label BBC alors qu'on peut viser le Bepos."