A Lyon, le pont Schuman invite à la contemplation

 

Installé à l'entrée du centre historique, il fait la jonction entre les quais de Vaise et ceux de la Croix-Rousse. Il s'inscrit entre les ponts suspendus historiques de Masaryk et de l'île Barbe, construits au début du 19e siècle. Une implantation que l'agence Explorations Architecture a intégré dans son projet : "Le site est classé patrimoine mondial de l'Unesco et on ne peut pas faire 'disparaître' un ouvrage de cette dimension, mais on peut lui chercher sa juste place et faire en sorte que la greffe prenne. Nous voulions qu'il soit perçu comme évident dans ce paysage exceptionnel. Evident de par sa forme, conçue comme étant le reflet de la structure de la passerelle historique voisine. Evident dans ses attaches délicates aux quais de Saône. Evident en tant qu'espace public permettant la contemplation de la ville et de la nature", nous explique l'architecte Benoît Le Thierry d'Ennequin. Afin de dégager la vue sur le fleuve, deux arcs ont été créés plongeant sous le tablier à mi-portée.

La fabrication des arches vrillées triangulaires, une complexité

Un geste technique puisque l'infrastructure s'organise autour de ces deux arches : "Le projet a été d'une grande complexité à chaque phase, mais c'est certainement la fabrication des arches vrillées triangulaires à section variable et le transport du tablier sur la Saône, sous les ponts existants, qui ont donné le plus de sueurs froides. Nombreux doutaient de la faisabilité de ces arches. Même les entreprises, qui espéraient pouvoir les simplifier. Mais à leur grande surprise, c'était faisable", souligne l'architecte. Dans le détail, ces arches sont composées de caissons d'acier de section triangulaire à inertie variable. De son côté, le tablier affiche une grande finesse (70 cm d'épaisseur maximum), notamment grâce à l'utilisation d'une structure mixte (acier/béton) "répondant à la combinaison des contraintes géométriques en surface et en sous face (accessibilité des personnes à mobilité réduite et passage au-dessus des chenaux de navigation)", précise l'agence.

 

Quant aux trottoirs, ils sont habillés par des caissons d'acier sous forme de "lames" effilées en porte-à-faux sur la Saône. Petit originalité, des bancs en inox longent l'espace piétonnier afin de participer à l'idée de contemplation. Vues dégagées, belvédère, tout a été mis en place pour que chaque passant profite du paysage urbain. Le tout pour que le pont Schuman soit en résonance avec son environnement. A la question, qu'aimeriez-vous que les Lyonnais disent de votre ouvrage ? Benoît Le Thierry d'Ennequin répond humblement : "J'aimerais qu'ils en parlent comme s'il avait toujours été là"…