La capitale de la porcelaine expérimente un revêtement de la chaussée incorporant des rebus de céramique. Le but ? Obtenir un enrobé esthétique, plus clair, tout en valorisant une ressource locale.

On connaissait l'expression "marcher sur des œufs". Peut-être pourra-t-on, à l'avenir, "rouler sur de la porcelaine", en tout cas à Limoges, où une portion de l'avenue du Midi a été réalisée en enrobé incorporant des éclats de céramique. C'est le laboratoire Colas Sud-Ouest de Condat (Haute-Vienne) qui a mis au point cette formulation d'enrobé chaud qui contient 30 % de granulats de porcelaine. Car, suite à l'expérimentation Lumiroute de chaussée à revêtement clair, destinée à mieux réfléchir la lumière et réduire la facture d'éclairage nécessaire, la municipalité a souhaité aller plus loin. La collectivité souhaitait développer un matériau au potentiel réfléchissant similaire, mais mobilisant cette fois les ressources propres à son territoire.

 

Des travaux ont été menés afin de déterminer la quantité idéale de déchets de l'industrie porcelainière par Colas, qui a estimé qu'une proportion de 30 % permettait d'obtenir des caractéristiques satisfaisantes en termes d'adhérence, de clarté, de résistance à l'abrasion ou de coût. L'entreprise estime même "apporter une touche esthétique à la chaussée". Un porte-parole nous précise : "Concernant les matériaux de base, nous n'avons pas de contrainte technique particulière. Ce sont essentiellement des retours de vaisselle endommagée, décorée ou non. Pour la formulation, pas besoin d'un liant particulier, seulement d'un bitume légèrement dopé". Sur le projet Lumiroute, un liant clair avait été testé, afin de laisser apparaître la couleur des granulats sélectionnés pour leur teinte. Une solution qui avait entraîné une baisse de 70 % des besoins en éclairage de la route, avec la possibilité de réduire la puissance et le nombre des lampadaires.

 

Porcelaine de Limoges
Porcelaine de Limoges © Colas

 

 

En tout 30 tonnes de cet enrobé particulier ont été utilisés pour réaliser un plateau piétonnier (passage piéton surélevé) au croisement de deux rues. La ville étudie désormais le remplacement de l'éclairage public par des LEDs, moins gourmands en énergie et donc l'intensité sera adaptée à la clarté de la chaussée. Les automobilistes, de leur côté, remarqueront plus facilement la zone de traversée des piétons grâce à l'aspect brillant du revêtement. "D'autres chantiers sont à l'étude, dont un sur Limoges Métropole, pour bénéficier des caractéristiques de réflexion très intéressantes du produit fini", nous confie-t-on chez Colas. Entre 200 et 300 tonnes de déchets porcelainiers, jusqu'ici enfouis, pourraient être valorisés chaque année dans cet enrobé esthétique. De quoi faire scintiller des kilomètres de route !

 


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