CULTURE. Une nouvelle exposition se sert du son, de la lumière et de l'espace pour interroger nos sens. Cette expérience immersive entrelace architecture et musique.
Une exposition qui éclaire l'invisible. C'est le pari réussi de "Pulse", la nouvelle installation de la Gaîté Lyrique, visible jusqu'au 13 juillet 2025. Dans ce haut lieu parisien de la culture, l'agence 1024 Architecture plonge les visiteurs dans un autre monde, où tous les sens sont mis à contribution. Cette expérience immersive et interactive rend hommage à tout un pan de la "club culture" et des musiques électroniques. Ici, l'architecture sublime la musique.
"Tout le corps est engagé dans cette exposition conçue par 1024 Architecture, dont les fondateurs viennent originellement du monde de l'architecture et du bâti. Aujourd'hui, le son et la lumière sont leurs matériaux", indique Vincent Cavaroc, commissaire de cette exposition et directeur artistique de la Gaîté Lyrique, lors d'une présentation presse.
Les architectes de formation travaillent régulièrement avec des artistes reconnus de la scène électro française, et ont imaginé la scénographie de représentations d'Etienne de Crécy et de Vitalic.
Architecture et son
Du petit objet à l'installation monumentale, ils explorent la notion d'espace par le prisme de la géométrie, de la lumière, du son et du mouvement. Leur travail, entre art et architecture, est la somme de créations audiovisuelles physiques et numériques.
"Dans notre jeunesse et alors que nous étions en école d'architecture (à Strasbourg et Marne-la-Vallée), les rave parties, les premiers ordinateurs et les médias électroniques ont secoué notre mode de pensée", raconte Pier Schneider, architecte, artiste et cofondateur de 1024 Architecture, cabinet qui a inventé le logiciel de mapping Madmapper.
"La lumière devient espace"
L'exposition, ludique et didactique, est découpée en huit sections et traverse 20 ans de création de l'agence. Elle s'intéresse notamment à la relation de l'homme avec le vivant, et invite les visiteurs à "jouer, contempler ou danser" devant les installations. "C'est un lieu de vie, d'émotion et de sensation, qui s'adresse à tous les publics, notamment aux enfants", présente Pier Schneider. "Le son devient lumière, la lumière devient espace."
L'exposition oscille entre mondes vivant et numérique. Des visuels en noir et blanc montrent une série de microarchitectures "utopiques" réalisées numériquement et "inspirées des années 1970".
À côté, sont exposées des photos d'installations de leur agence. "Nombre d'œuvres prennent pour décor l'espace public et mettent en scène des multiples tissus urbains. Leurs travaux les plus récents s'émancipent des grandes métropoles pour faire de la nature un support de création. Ils révèlent la puissance du paysage et invitent à repenser notre regard sur l'environnement", déclare Vincent Cavaroc.
De la techno au jeu vidéo
Plus loin, "le son génère l'image de l'œuvre et vice-versa". Tel un scanner, l'objet baptisé "Volume" prend sa matérialité dans une couche d'images numériques. "Il fait écho à des intestins qui s'échappent de leurs propres volumes physiques. On injecte des comportements vivants dans un art numérique", reprend Pier Schneider.
Deux représentants de la French touch, Laurent Garnier et Vitalic, se font une place de choix dans "Pulse". L'œuvre "Core" s'illumine au rythme d'une sélection musicale de six heures, imaginée par l'un des plus grands producteurs français de techno, Laurent Garnier.
L'agence 1024 Architecture s'amuse également à détourner l'univers du jeu vidéo en connectant des joysticks (manettes) à ses objets d'art, et propose même une machine pour composer son propre cocktail sans alcool. Au total, 18 installations ravissent les yeux et les oreilles des visiteurs, qui entrent dans un monde parallèle où est prôné le "lâcher-prise".
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"Pulse", jusqu'au 13 juillet 2025
Gaîté Lyrique
3 bis rue Papin
75003 Paris