ARCHITECTURE. En dévoilant le projet Ecotone, "campus écologique du XXIe siècle", la communauté d'agglomération de Sophia Antipolis célèbre les 50 ans de sa technopole en regroupant Jean Nouvel, Manal Rachdi et Xavier Niel pour une enveloppe globale de 44 millions d'euros.
En s'offrant le futur projet Ecotone, le territoire azuréen de Sophia Antipolis a misé sur "un triptyque d'excellence", comme le martèle ce jour-là Jean Leonetti, président de la communauté d'agglomération devant des dizaines de personnes agglutinées devant son stand du Simi.
Dans le prestigieux générique du film du projet qui verra le jour à l'horizon 2022-2023, les architectes Jean Nouvel et Manal Rachdi sous la houlette de la Compagnie de Phalsbourg, et Xavier Niel, patron de Free et "élément fédérateur" qui entend installer une émanation de sa "Station F" sur la structure située à l'entrée d'Antibes.
Incubateur dédié à l'intelligence artificielle
En interface avec la technopole de Sophia Antipolis, qui célèbre son cinquantenaire, Ecotone est rêvé par Jean Leonetti comme "la capitale de l'intelligence artificielle". Et pour cause, Sophia Antipolis est présélectionnée pour accueillir un Institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle, avec un projet orienté vers la santé numérique et le développement d'un smart territoire.
La ville-hôte ne sera connue qu'au premier trimestre 2019, mais Xavier Niel a déjà ses vues sur le projet Ecotone, pour lequel il ambitionne de "créer un lieu avec un grand nombre d'entreprises et de startups". Le co-fondateur de l'Ecole 42 entend se focaliser sur l'aspect "incubateur", avec l'idée d'une Station F cette fois dédiée à l'intelligence artificielle, permettant "d'offrir une attractivité mondiale à Sophia Antipolis".
La France depuis les autoroutes
Face à toutes ces annonces futuristes, l'équipe architecturale prône un retour à la terre, avec un projet qui "rapproche l'homme et la nature". Si Ecotone désigne une zone de transition écologique entre deux écosystèmes, la structure imaginée par Jean Nouvel et Manal Rachdi retourne aux racines des paysages typiques des Alpes-Maritimes.
Depuis les premières images de synthèse, l'on pourrait croire que les deux architectes ont fait le choix d'ensevelir leur création sous la végétation. Il s'agit, en réalité, de reconstituer un relief montagnard, et servir ainsi l'idée de la "colline habitée". "Dans ce paysage que je connais si bien, il y a une vraie poésie de l'autoroute. J'ai toujours été frappé et peiné par la vision qu'on a de la France depuis les autoroutes, avec ces immeubles parachutés sans aucun lien avec le paysage", s'émeut Jean Nouvel.
Continuité de la végétation sur les sols
Dès sa livraison, Ecotone s'offrira à la vue des automobilistes franchissant l'autoroute A8 à l'entrée d'Antibes, point de jonction entre Nice et Cannes. Les architectes ont travaillé sur plusieurs strates et surélevé l'édifice dans un dialogue avec la flore et la végétation. Ils mêlent des variétés aux camaïeu lavande et orangés et des palmiers californiens "Washingtonia", qui, le prix Pritzker le concède, "ne sont pas vraiment du coin". A l'intérieur de cette colline artificielle qui veut coller au plus près de la nature, la lumière entre comme dans une passoire, et le relief végétal se projette sur les sols par des procédés miroitants.
Les 40.000 m² d'espaces aménagés par la Compagnie de Phalsbourg intègreront des bureaux, des lieux de co-working, une offre hôtelière, des restaurations et services. Les espaces végétalisés occuperont 56% de la parcelle, gage de "l'équilibre écologique" vanté par Jean Leonetti.