PATRIMOINE. Six mois après l'incendie qui a dévasté la flèche et la toiture de Notre-Dame de Paris, la sécurisation de l'édifice n'est pas encore acquise. Malgré le renforcement de nombreuses parties de la cathédrale, les entreprises et les services du ministère de la Culture surveillent de près les réactions de l'échafaudage qui doit être retiré.

Si la vie semble avoir repris son cours derrière les palissades qui emmurent la cathédrale Notre-Dame de Paris, la sécurisation de l'édifice n'est pas totalement acquise. Depuis le 15 avril, 39 entreprises sont au chevet de la cathédrale, œuvrant au confortement des éléments fragilisés par l'incendie, comme par la chute de pierres et de bois de la charpente.

 

Lors d'un point presse, le 14 octobre 2019, la Préfecture de la région Ile-de-France a dressé l'état d'avancement du chantier, qui a été suspendu trois semaines durant la période estivale du fait du risque de pollution au plomb. A ce jour, les voûtes hautes ont été bâchées contre les intempéries, les deux piliers rubéfiés de la nef ont été frétés et des filets ont été posés sous les voûtes de la nef, du chœur et du transept pour parer aux chutes de pierre.

 

Les voûtes et l'échafaudage

 

Les pignons des croisillons nord et sud et le pignon ouest sont encore en cours de consolidation, et des cintres sont posés sur les arcs boutants du chœur, du côté sud de la nef et de la croisée du transept en vue de leur stabilisation. Mais les principaux enjeux de la phase de sécurisation se trouvent dans les voûtes et l'échafaudage. Au-dessus des voûtes -qui peuvent s'effondrer à tout moment- la pose d'un plancher appuyé sur les murs gouttereaux devra permettre de déblayer et de nettoyer les voûtes et d'observer de plus près l'altération des pierres et des mortiers.

 

L'échafaudage, toujours debout six mois après l'embrasement, concentre les inquiétudes comme l'attention des acteurs de Notre-Dame de Paris. Une crainte qui grandit auprès des artisans, qui ont dénoncé à plusieurs reprises un chantier tournant au ralenti, entre protocole de protection contre le plomb et installation d'un ascenseur pour les parties hautes de la cathédrale. Pendant ce temps, des capteurs posés sur le maillage de fer permettent de suivre ses mouvements.

 

Selon une source proche du chantier, il faudra compter 3 mois pour renforcer l'échafaudage en le ceinturant, puis 6 à 7 mois pour le démonter méthodiquement. Ce mardi, au cours d'un point presse du diocèse de Paris, le recteur de la cathédrale Notre-Dame Mgr Patrick Chauvet a dit "espérer que cet échafaudage soit retiré entre mars et avril".

 

La phase de sécurisation terminée "au printemps 2020"

 

L'opération consistera à monter un échafaudage supplémentaire autour de l'ancien. Là, interviendront les cordistes pour démonter la structure métallique niveau par niveau, en partant du haut. Avant cela, ils devront purger le dernier niveau de l'échafaudage. Le démontage, précise la préfecture d'Ile-de-France se fera "travée par travée, depuis le centre vers l'extérieur". Le représentant de l'Etat en Ile-de-France fixe "au printemps 2020" la fin de la phase de sécurisation, une échéance qui sera modulée en fonction du rythme de démontage de l'échafaudage.

 

Parmi les autres travaux à venir, la maîtrise d'œuvre devra déployer un système de sécurité incendie spécifique au chantier. A ce titre, le ministre de la Culture Franck Riester a annoncé ce matin la préparation par ses services d'un audit de la sécurité incendie des cathédrales sous propriété de l'Etat. Ses conclusions doivent être rendues publiques.

 

85 millions d'euros affectés à la sécurisation de Notre-Dame de Paris

 

Combien coûte la sécurisation de la cathédrale parisienne ? Malgré l'affluence des promesses de dons, 104 millions d'euros ont été effectivement versés, sur un engagement total de 922 millions d'euros, rapporte le ministère de la Culture. La préfecture d'Ile-de-France a chiffré la phase de sécurisation à 85 millions d'euros, "toutes dépenses confondues, incluant les taxes, la maîtrise d'œuvre, les assistants à maîtrise d'ouvrage depuis l'incendie jusqu'à l'été 2020". Au 9 octobre, 37 millions d'euros ont été versés par l'Etat, dont 31 ont été reversés par la Fondation Notre-Dame grâce à des appels de fond auprès des familles Pinault et Arnault.

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