EVENEMENT. À l'occasion du Jour mondial de l'architecture, ce 5 octobre 2015 et, à quelques semaines de la COP21, l'architecte malaisien Esa Mohamed, président de l'Union Internationale des Architectes (UIA), répond aux questions de Batiactu.

Batiactu : Le 5 octobre est le Jour mondial de l'architecture, quel(s) message(s) particulier(s) voulez-vous faire passer aux architectes sachant que 2015 est l'année de la Cop 21 ? On le sait, le bâtiment est également au centre des questions climatiques...

 

Esa Mohamed, président de l'U.I.A. : Le thème de cette année est justement "Architecture, Bâtiment, Climat" pour faire écho à la conférence des Nations-Unies sur le climat COP 21, qui se tiendra à Paris début décembre. Paris s'apprête à accueillir les dirigeants de 195 pays qui négocieront un nouvel accord international ayant pour objectif le maintien du réchauffement climatique en deça de 2°C d'ici 2030.

 

Cela a un impact significatif sur nos modes de vie, sur l'urbanisme et l'architecture : les bâtiments représentent en effet au niveau mondial 32% de la consommation mondiale d'énergie et presque 20% des émissions totales de gaz à effet de serre. La profession d'architecte joue donc un rôle clé dans l'atténuation de ces impacts sur le climat.
Nous espérons que cet engagement sera étendu à celui de zéro émission de carbone pour 2050. C'est tout l'objet de la déclaration que l'UIA et d'autres organisations internationales ont signé l'année dernière, comprenant notamment la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.

 

Batiactu : Comment définiriez-vous le rôle de l'architecte, face à ce défi de transition énergétique ?

 

Esa Mohamed :
Il faut comprendre qu'en 2020, nous compterons 2,5 milliards d'individus de plus que les 7,4 milliards d'aujourd'hui. Et plus de 50% d'entre eux vivront dans les villes et les zones urbaines. La pression sur les gouvernements sera forte pour développer de nouvelles infrastructures et des bâtiments accueillant cette population croissante.

 

"Les architectes doivent concentrer leur énergie et leur créativité au développement de l'utilisation des énergies renouvelables"

 

Les architectes doivent dès maintenant concentrer leur énergie et leur créativité au développement de l'utilisation des énergies renouvelables pour l'aménagement des villes ainsi que dans la conception des bâtiments, pour répondre aux objectifs de développement durable, aux besoins des collectivités locales et au service de la résilience, de l'efficacité énergétique et de la sauvegarde du patrimoine.

 

Batiactu : Vous appelez à la mobilisation des architectes, des urbanistes et des acteurs du cadre de vie face au défi climatique...

 

Esa Mohamed :
Ils doivent trouver des solutions en architecture et en urbanisme qui évitent l'utilisation des énergies et combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables et qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre.
L'objectif commercial ne doit pas être le seul à être pris en compte pour mesurer le succès d'un projet de développement. Doivent être également pris en compte l'enrichissement social et culturel de la communauté qu'il sert.

 

Le civisme est la clé du succès d'un environnement bâti pour l'avenir. Il est du devoir de l'architecte de concevoir des bâtiments à faible empreinte carbone et zéro énergie.

 

Batiactu : Avez-vous des exemples de pratiques ou d'actions qui vous ont particulièrement marqués ? Des pays sont-ils plus avancés que d'autres ?

 

Esa Mohamed :
Alors que les pays les plus développés ont établi des cahiers des charges de conception comprenant des objectifs durables et écologiques, ces dernières années, les pays les moins développés ont suivi leurs propres règles. Les travaux du World Green Building Council les ont aidés à développer leurs propres outils pour l'aménagement et la conception de bâtiments verts grâce à l'accompagnement pour certains de professionnels architectes, urbanistes et ingénieurs qui connaissent l'importance de la conception verte. Les pouvoirs publics sont également impliqués dans la certification des bâtiments écologiques de différentes catégories.

 

Les architectes et les urbanistes mettent désormais leurs connaissances à jour afin d'être encore plus compétents en conception écologique et durable. Les formations s'adaptent afin d'intégrer ces aspects dans leurs programmes et s'assurer par la suite de leur mise en pratique par des professionnels suffisamment préparés.

 

"L'Inde a célébré 190 millions de m2 certifiés par le Green Building Council"

 

Les travaux du groupe Architecture 2030 dirigé par l'architecte Edward Mazria, membre de l'AIA, (American Institute of Architects) qui conçoit des stratégies de conception bas ou zéro carbone, comme ceux du DR Kenneth Yeang sur l'architecture durable, anticipent parfaitement les contours de la future architecture urbaine.

 

A New-York, le plan New York City 80x50 strategy promet quant à lui une baisse de 80% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005. De son côté, Singapour a rendu obligatoire la certification Green Mark pour tout nouveau bâtiment. L'Inde a célébré 190 millions de m2 certifiés par le Green Building Council...

Suite de l'interview en page 2


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