À l’heure où la France occupe la présidence au sein de l’Union européenne, nous avons souhaité faire le point sur l’état de l’architecture avec Michel Clément, directeur de l’architecture et du patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication.

Batiactu : Quelle place pensez-vous que l’architecture occupe actuellement, au sein du ministère de la Culture et de la Communication ?
Michel Clément : L’architecture est une des grandes missions du ministère de la Culture et de la Communication. Nous assumons d’une part la responsabilité de l’enseignement de l’architecture, à travers un réseau de vingt écoles nationales supérieures d’architecture sur le territoire national que nous avons pu faire entrer dans le système européen de l’enseignement : le LMD. Pour le ministère de la Culture et de la Communication, c’est une manière essentielle de participer à la fois à l’enseignement supérieur et à la formation de jeunes architectes. D’autre part, nous portons au ministère la responsabilité de la profession d’architecte et de législation sur l’architecture et les architectes. C’est une responsabilité essentielle. Enfin, le ministère assure également une mission de diffusion et de valorisation de l’architecture, comme enjeu essentiel de notre cadre de vie, et qui doit permettre aux Français de mieux s’approprier cette discipline, mais qui doit également les inciter à faire de plus en plus appels aux architectes.

Batiactu : Parmi les enjeux actuels, y a-t-il une volonté d’intégrer une dimension européenne et prend-elle une ampleur différente avec la présidence française de l’Union européenne ?
M.C : Effectivement, les architectes se trouvent devant toute une série d’enjeux aujourd’hui qui sont bien évidemment l’Europe, mais également toutes les problématiques liées au développement durable et aux conséquences du Grenelle de l’environnement. Nous plaidons pour que, plutôt qu'un arsenal normatif trop contraignant, les architectes assurent la responsabilité de répondre à des objectifs en termes d’environnement. À charge pour eux, dans leur projet, de les mettre en pratique.

Batiactu : On voit que de nombreux projets de tours émergent. Que pensez-vous de cette conception de l’architecture ?
M.C : L'architecture ne s'intéresse pas tant à une forme particulière qu'à répondre de la façon la plus adaptée à un besoin, en prenant en compte sa dimension contextuelle. La tour n'est pas une réponse en soi. Mais elle peut être, dans un contexte particulier, une réponse à une commande particulière. On voit aujourd'hui de grandes villes rivaliser au plan international avec des projets de tours très ambitieux, et je comprends parfaitement la dimension symbolique et la vitrine architecturale que représentent ces projets. Y compris en France où on voit émerger de magnifiques projets, comme la tour signal de Jean Nouvel à la Défense. Je crois que la création architecturale peut avoir besoin ponctuellement de ce type de projet pour montrer son savoir-faire en y intégrant désormais tout ce qui relève du développement durable, et en répondant à sa façon à la nécessaire densification urbaine, avec des propositions extrêmement intéressantes. Et je me félicite que de nombreux architectes français soient demandés à travers le monde pour y conduire ce genre de programmes.

actionclactionfp