Il y a quelques mois, le FILMM* communiquait sur sa nouvelle image et sa réorganisation en une seule entité professionnelle. Caroline Lestournelle fait aujourd'hui le point sur l'actualité du syndicat, de ses enjeux dans le contexte du Grenelle et de l'avenir des produits de laines minérales face à de nouveaux arrivants. Entretien.
Batiactu : Pourquoi avoir réuni le syndicat des fabricants d'isolants en laines minérales manufacturées (FILMM) et le syndicat des fabricants de laine de roche (SPLR) ?
Caroline Lestournelle : Nous avons décidé d'arrêter les discussions inutiles et de nous regrouper sous la même bannière. Ce n'est pas une révolution, mais plutôt un retour à la normale. L'idée est de renforcer l'image et le poids de notre profession. En outre, nous avons gagné un adhérent supplémentaire, Rockwool. Aujourd'hui, nous avons tous les fabricants du secteur. Sachant, de plus, que notre profession se développe avec la prolifération de projets de construction, dont on entend parler de plus en plus dans la presse. Avec l'isolation, nous sommes au cœur du Grenelle.
Caroline Lestournelle : Nous avons décidé d'arrêter les discussions inutiles et de nous regrouper sous la même bannière. Ce n'est pas une révolution, mais plutôt un retour à la normale. L'idée est de renforcer l'image et le poids de notre profession. En outre, nous avons gagné un adhérent supplémentaire, Rockwool. Aujourd'hui, nous avons tous les fabricants du secteur. Sachant, de plus, que notre profession se développe avec la prolifération de projets de construction, dont on entend parler de plus en plus dans la presse. Avec l'isolation, nous sommes au cœur du Grenelle.
Batiactu : Justement, quels sont, pour le FILMM et pour l'univers des laines minérales, les enjeux du Grenelle ?
C. L. : Le Grenelle nous donne, indéniablement, un sacré élan et une dynamique autour de l'efficacité énergétique. Et l'isolation est le premier pôle de cette efficacité énergétique. En effet, même les « énergéticiens », qui ont une vue globale de la performance énergétique, disent que le premier pôle à traiter est l'isolation. A partir de là, on réduit considérablement les besoins en chauffage et l'on peut dimensionner les autres équipements à leur juste valeur. Si l'on prend le problème par le mauvais bout, cela risque de coûter cher. Nous ne voulons pas que le client fasse deux fois la dépense. Je m'explique : je pense que l'éco-PTZ est une belle avancée, même s'il n'est pas encore assez élevé. C'est et ce doit être un élément déclencheur pour faire des travaux globaux et non par à-coups. A ce sujet, nous rejoignons la Capeb qui prône un remboursement étalé sur trois ans. Notre philosophie, c'est de dire « mettre en phase les travaux, et chaque partie traitée doit l'être au maximum ». Faire un petit peu tout, puis y revenir, c'est la bêtise ; en revanche, intervenir correctement pour la toiture, les murs, puis adapter la chaudière, l'eau chaude sanitaire… c'est parfait.
Avant le Grenelle, on s'est aperçu que le crédit d'impôt avait été très incitatif et utilisé pour le changement de fenêtres et autres chaudières, car dans les deux cas, le matériel constitue une bonne part de la facture. Or, en matière d'isolation, c'est la main-d'œuvre qui coûte plus chère que le matériau. Il n'y avait donc que des gens très motivés, ou à l'occasion de travaux très lourds, qui engageaient des travaux d'isolation.
Une des autres mesures du Grenelle qui nous intéresse beaucoup, et sur laquelle nous comptons énormément, c'est l'élargissement du crédit d'impôt à la pose. Là, il pourra vraiment jouer son rôle. Sans compter le maintien de la TVA à 5.5%... Cela dit, au niveau du Grenelle, rien n'est acquis car il y a d'autant plus de consensus que les mesures sont floues. Notamment, il y a eu un amendement sur les bio-matériaux, qui est passé tard dans la nuit, et qui ne nous va pas dans la mesure où cette terminologie n'est pas du tout définie.
Batiactu : A ce propos, comment envisagez-vous l'arrivée de ces nouveaux matériaux et l'avenir des isolants en laines minérales ? Pensez-vous à des rapprochements éventuels ?
C. L. : Nous voudrions tout d'abord que les notions de bio-matériaux ou isolants naturels soient précisées, d'une part. Et que tous les matériaux amènent les mêmes garanties en termes de performance, ce qui n'est pas le cas à ce jour. Nous sommes donc face à deux systèmes en parallèle auxquels on ne demande absolument pas les mêmes choses !
En effet, on entend beaucoup parler de ces nouveaux isolants naturels, mais je crois que leurs parts de marché sont inversement proportionnelles à tout ce qu'on peut lire dans la presse. Surtout dans la presse régionale, moins dans la presse professionnelle. On peut penser que les entreprises locales sont mises en avant. Cela occulte un peu le débat sur la performance réelle des produits naturels et sur leur pérennité. Car on parle de bio-dégradable, mais dans le bâtiment, on veut des choses qui durent un peu ! Nos produits d'isolantion sont également naturels, puisqu'on utilise du sable et pas de matières premières rares qui mettraient en danger la planète. Compte tenu de la performance, des garanties, des assurances qualité, du prix et de tout ce qui est mis en place autour de notre filière, nous pensons être la meilleure solution technico-économique du marché.
Concernant les produits naturels, on ne peut pas parler de contre-performance de leur part. Sans rentrer dans la polémique et les données techniques, nous souhaitons inciter ces fabricants à être sous certification, et à ce titre, le règlement de l'ACERMI est complètement ouvert. Ça coûte un peu d'argent, mais c'est une garantie apportée au consommateur. Vivement que l'on lève le flou sur ces notions et que l'on mette un peu de technique là-dedans pour que cela ne devienne pas un mirage comme les bio-carburants !
(*) Le FILMM est désormais composé des sociétés Ecophon, Eurocoustic, Isover, Flumisol, Knauf Insulation, Rockwool et Ursa France.