TRANSITION. Le montant alloué aux énergies renouvelables sera en hausse, dans le budget 2019. Il franchira la barre 7 milliards d'euros pour la première fois depuis de nombreuses années. Mais ce montant reste en-deçà de ce qu'il était en 2011. Explications.

Le projet de loi de Finances pour l'année 2019 prévoit un accroissement des investissements dans la transition écologique. Outre les travaux de rénovation thermique et la mobilité durable, un autre grand volet sera celui du soutien aux énergies renouvelables. Le dossier de présentation du budget évoque la cohérence avec la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) actuellement en cours de discussion et avance un montant de plus de 7,3 Mrds € pour financer les projets d'EnR engagés ces dernières années. L'augmentation est donc nette (+14 %) par rapport à 2017, lorsque 6,4 Mrds € avaient été engagés.

 

 

Le cabinet Xerfi-Precepta, qui a publié récemment une étude sur la finance verte, note qu'en 2018, le financement des EnR en France mobilisera environ 6,9 Mrds €. Si cette ligne budgétaire est en hausse constante depuis 2016, où elle était au plus bas (5,9 Mrds €), il n'en reste pas moins qu'elle reste encore très inférieure à ce qu'elle était au début de la décennie. Les analystes expliquent : "En Europe, la baisse des coûts se traduit par un repli des montants financés. Et la France ne déroge pas à la règle puisque les investissements ont fondu, passant de 8,6 Mrds € en 2011 à 6,5 Mrds € en 2017. La crise a également laissé des traces. Mais les besoins vont croître ces prochaines années". Pour Xerfi-Precepta, plus de 38 Mrds € seront nécessaires pour accroître les capacités françaises de +20 GW de capacités nouvelles entre 2019 et 2023, soit un montant annuel d'environ 7,7 Mrds € pendant 5 ans.

 

Les banques françaises ont bien compris l'intérêt des finances vertes

 

 

Les experts ajoutent qu'une partie sera prise en charge par la sphère publique, mais que les contraintes budgétaires qui se font de plus en plus lourdes, vont obliger à faire évoluer le modèle de financement de la transition. Et c'est la "finance verte" qui sera sollicitée. L'étude Xerfi-Precepta souligne le rôle du secteur de l'assurance comme pionnier, en raison des risques accrus de sinistres liés aux événements climatiques plus intenses ainsi qu'au risque de dévalorisation des portefeuilles liés aux énergies fossiles. D'où également l'apparition de fonds verts dédiés, qui prendront le relai d'acteurs publics tels Bpifrance ou la Caisse des dépôts et consignations. D'autant que les rendements seraient particulièrement attractifs et que la préoccupation d'engagement social et responsable devient importante.

 

En 2017, les émissions obligataires vertes (green bonds) d'acteurs français ont dépassé les 10 Mrds € au niveau mondial, soit le quart des émissions mondiales. Quant au financement participatif, il est en pleine explosion : il devrait atteindre les 31 Mrds € en 2018 (+50 %) et continuer de croître très fortement pour atteindre les 70 Mrds €/an à l'horizon de 2023, selon Xerfi-Precepta. Cependant, en France, le poids du crowdfunding reste marginal dans le financement total des énergies renouvelables. L'étude conclut que le paysage financier est en pleine mutation mais qu'une chose est sûre : ce type de projet reste intrinsèquement risqué, avec l'introduction de logiques de marché. La maturité des différentes filières n'est pas uniforme (solaire et éolien d'un côté, énergies marines et biogaz de l'autre) et risque d'amener une polarisation des rendements. Dernier élément à prendre en compte : si les dépenses mondiales pour les énergies renouvelables est colossal, de plus de 2.900 Mrds € par an (la France représente donc 0,25 % des investissements mondiaux), il est aujourd'hui de plus en plus concentré dans les pays émergents (plus de 60 % de ce montant). La transition est bien mondiale, et les acteurs français doivent en profiter.

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