POLITIQUE. Après une année 2018 marquée par la bataille perdue de la loi Elan, les architectes restent d'attaque et espèrent renouer le fil du dialogue avec les pouvoirs publics.

En 2019, les architectes se sont donnés pour objectif d'être conquérants. La preuve, le président de l'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa), Régis Chaumont, a appelé à la rescousse l'un des plus grands chefs de guerre : Napoléon Bonaparte. "Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l'on fait sur l'ignorance." Ainsi a-t-il conclu son intervention à la cérémonie des voeux de l'organisation, qui s'est tenue le 24 janvier 2019, au siège parisien.

 

"Je voudrais vous insuffler l'esprit de conquête après la dure année 2018", a-t-il affirmé devant une centaine d'adhérents, responsables locaux et nationaux. Pourquoi "dure" ? "On s'est cassé les dents sur Elan", résume Régis Chaumont. L'architecte assure avoir contacté à de très nombreuses reprises plusieurs décideurs pour entamer un dialogue en 2018 (huit courriers à la ministre de la Culture, sa directrice de cabinet, quatre à Christophe Castaner, un à Bruno Le Maire, Alain Juppé, Jacques Mézard, Édouard Philippe, Emmanuel Macron, etc.), mais n'avoir décroché au final qu'un entretien avec le ministère du Logement. "Nous nous sommes heurtés à un mur des sourds."

 

Éveiller un "désir d'architecture"

 

Mais depuis, Jacques Mézard a été remplacé par Julien Denormandie à la tête du Logement, et il semblerait qu'un réchauffement des relations ait lieu. Pour preuve, en fin d'année, les pouvoirs publics avaient tendu une main vers les architectes, lançant notamment deux missions sur l'apport de leur métier à la qualité de l'habitat et les moyens d'éveiller un désir d'architecture chez les Français. Une orientation qui a le mérite d'exister, mais qui ne va pas jusqu'à déclencher un enthousiasme démesuré au sein de l'Unsfa.

 

"Nous ne pouvons attendre la naissance d'un désir qui mettrait des dizaines d'années à entrer dans les mœurs", répond ainsi Régis Chaumont. "Nous avons besoin d'un soutien politique, car ce désir d'architecture est bien loin de se vérifier dans les faits aujourd'hui. S'il apparaît, il sera de toute façon rapidement submergé par une mécanique financière court-termiste, à l'échelle temporelle d'un mandat électoral." Régis Chaumont a également partagé avec l'auditoire un florilège de déclarations du candidat Emmanuel Macron, en faveur des architectes, comme celle-ci : "Trop souvent, le rôle de l'architecte se limite à l'obtention d'un permis de construire, sur ces questions les lignes doivent bouger." 2019 sera donc l'année de la conquête pour les architectes... si tant est qu'elle soit aussi celle du retour aux sources pour le Président.

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