A l'occasion du 16e colloque du Syndicat des Energies Renouvelables, de nombreux orateurs dont Ségolène Royal ou le président du GIEC, Rajendra Kumar Pachauri, ont insisté sur le rôle positif des renouvelables dans la lutte contre les émissions de CO2 et sur leur nécessaire déploiement au niveau mondial. Une opportunité que les industriels français souhaitent saisir.
Face à un constat désormais irréfutable de bouleversement climatique, l'année 2015 pourrait être une charnière dans la crise, notamment grâce à la tenue de la conférence de Paris sur le climat (COP21) mais également par l'accélération du déploiement mondial des énergies renouvelables. "Nous sommes à un moment critique, mais il y a de formidables raisons d'espérer", a scandé la ministre de l'Ecologie. Le président du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat (GIEC), le docteur Rajendra Kumar Pachauri, expose : "Il y a un impact humain sur le climat et cela a des conséquences sur l'agriculture, la santé, l'eau, la montée des océans et les événements météorologiques extrêmes qui sont plus fréquents et plus puissants. Les plus impactés seront les plus pauvres, ce qui exacerbera les conflits et engendrera des famines… Il va falloir s'adapter à ce changement climatique, qui va se poursuivre dans les décennies à venir. Mais il faut également diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et les énergies renouvelables sont une option majeure pour réduire le CO2".
Le devoir d'agir pour la planète
"Nous avons les moyens d'agir. Il y a une formidable chance à saisir : la création d'un autre modèle de développement. Nous devons fixer collectivement un cap, même si c'est un exercice difficile", a déclaré Ségolène Royal. La ministre a annoncé avec satisfaction que le premier article de la loi sur la transition écologique avait été adopté au Sénat, confirmant par là une certaine cohésion nationale et une convergence sur le fond, malgré les clivages politiques, y compris sur le nucléaire. Les filières industrielles des énergies renouvelables seront, selon Ségolène Royal, à la fois moteurs et bénéficiaires de la transition, et joueront un rôle essentiel pour respecter l'agenda fixé. "Baisse des consommations ne signifie pas décroissance", a rappelé la ministre qui estime que les renouvelables permettront de réduire la facture énergétique, "qui est un fardeau", tout en améliorant l'indépendance nationale et en étant source de progrès, d'innovation et de croissance. Elle a confirmé son appui à la croissance des renouvelables en France et à l'international, y compris en favorisant les transferts de technologie vers les pays les plus vulnérables.Revalorisation des tarifs, autoconsommation, hydrolien fluvial…
Evoquant les bons chiffres des EnR dans le bilan RTE 2014, la ministre a toutefois estimé que ce n'était pas encore assez. Interpellée par Jean-Louis Bal, le président du SER, sur le soutien au photovoltaïque ou à la méthanisation, Ségolène Royal a annoncé l'adoption de plusieurs mesures, dont la revalorisation du tarif T4 (intégré au bâti) ou celle du permis unique simplifié pour les éoliennes et méthaniseurs, qui seront publiés avant l'été. Outre les appels d'offres sectoriels concernant le photovoltaïque de puissance intermédiaire, le solaire en Outremer ou la petite hydroélectricité, qui seront lancés prochainement, la ministre de l'Ecologie a également prévu un appel à manifestations d'intérêt pour l'hydrolien fluvial. Elle a rappelé que les travaux de modernisation du droit de l'environnement se poursuivaient et que la réforme des mécanismes de soutien aux EnR était indispensable. Là encore, les travaux devront aboutir au cours de l'année. Sur l'autoconsommation, la ministre a précisé : "La France a longtemps été réticente, car nous sommes un pays centralisé. Il faut donner un mouvement d'accélération. La publication d'un rapport sur le sujet aujourd'hui même est le point de départ de ce grand chantier". Un appel d'offres portant sur des installations en autoconsommation dans l'industrie, le tertiaire ou le monde agricole - secteurs où les plages de consommation correspondent au profil de production - sera donc organisé. La pratique de l'autoconsommation sera également favorisée en Outremer et dans les éco-quartiers qui seront des terrains d'expérimentation privilégiés.La France sera exemplaire pour COP21
Poursuivant son inventaire, Ségolène Royal a assuré que le comité national du biogaz se réunirait à la fin du mois de mars afin de formuler des propositions de mesures pour soutenir la filière, tandis que pour l'éolien terrestre, elle a confirmé que le ministère de la Défense réduira ses zones de vol à très basse altitude et ses zones d'entraînement, respectivement de -18 % et -11 %, afin de faciliter l'implantation de turbines. Quant à la rénovation des bâtiments publics, la ministre de l'Ecologie a rappelé que la Banque Publique d'Investissement était mobilisée pour soutenir les travaux de performance énergétique ou d'intégration des EnR grâce à une subvention spécifique. Face à toutes ces annonces, le président du SER a salué l'action de la ministre "qui a soutenu, accéléré et défendu les filières après des années de décroissance. Les chantiers ont été conduits avec diligence, sans délai et dans un dialogue utile". Pour tous, 2015 sera donc bien l'année du renouveau des renouvelables.