Le marché de la rénovation thermique devrait repartir à partir de 2015, estime le cabinet Xerfi. Si les particuliers pourront bénéficier de l'impact des mesures d'aides gouvernementales, les professionnels, quant à eux, devraient tirer leur épingle du jeu, notamment ceux spécialisés dans les produits d'isolation. Détails.
Les conditions d'une reprise plus franche du marché de la rénovation thermique sont attendues pour 2015, indique la dernière étude du cabinet Xerfi*. Ces experts misent même sur une progression de 6% à 10.5 Md€.
Perspectives prometteuses
Les professionnels s'y attendent depuis plusieurs mois : le marché du neuf étant en chute libre, l'entretien-amélioration jouant la stabilité, reste les travaux de performance énergétique sur lesquels ils comptent beaucoup à l'heure où l'ambiance est plutôt morose. Cependant, la dernière note de conjoncture de la Capeb laissait entrevoir une baisse de ce marché, jusqu'ici en meilleure forme que les autres. Pour autant, l'inquiétude devait être de courte durée, selon les experts de Xerfi qui annoncent des perspectives prometteuses au marché de la rénovation thermique.
Les raisons ? Des ménages qui devraient avoir des contraintes financières moins fortes, et surtout les aides annoncées du gouvernement pour 2014 qui devraient enfin trouver un impact favorable dès l'an prochain. On pense entre autres à Objectifs 500.000, au plan "Rénovation énergétique des bâtiments" dans le cadre de ceux de la Nouvelle France Industrielle, mais aussi à l'entrée en vigueur du dispositif d'éco-conditionnalité au 1er juillet prochain, qui devrait booster les demandes de travaux de rénovation. Xerfi table, en outre, sur la parution du décret relatif à l'obligation de travaux de rénovation dans le tertiaire, qui pourrait "donner un coup de fouet" au marché.
Epineuse question du financement
Mais qui dit réalisations de travaux, dit aussi financement. Une question épineuse à régler pour que le marché tienne ses promesses. Car en raison de leur coût moyen (4.500 €), faire des travaux de rénovation n'est pas anodin, notamment pour les particuliers. Du coup, la généralisation du tiers financement, évoquée encore récemment par la ministre de l'Ecologie à l'occasion de la signature de la convention Feebat, refait surface. "Afin de sécuriser la commande publique et privée, et dans le cadre de la transition énergétique, nous réfléchissons à la mise en place du tiers financement", soulignait Ségolène Royal. Il s'agit généralement d'un service en charge de mobiliser l'ensemble des financements nécessaires à une opération de rénovation : prêts bancaires classiques, prêts aidés et autres subventions. Pour l'instant, le dispositif n'est pas généralisé, mais seulement expérimenté au niveau local. Dans sa version la plus aboutie, précise le cabinet Xerfi, le tiers financement "pourrait être intégré aux guichets uniques de la rénovation thermique mis en place en septembre 2013".
La valeur verte, un critère d'avenir
Autre facteur d'espoir pour le marché de la rénovation thermique : la montée en puissance de la valeur verte, selon Xerfi. "Une des principales évolutions à moyen terme dans l'immobilier", ajoute le cabinet. Elle devra, au même titre que l'emplacement ou l'agencement d'un bien, devenir un critère incontournable dans le choix des acquéreurs. Aujourd'hui, une de ses applications concrètes est l'affichage obligatoire du DPE dans les annonces immobilières.
Les industriels en ordre de bataille
Enfin, le cabinet Xerfi a identifié des secteurs d'activité qui pourraient tirer leur épingle du jeu. Et sans surprise, les fabricants de produits d'isolation semblent les mieux positionnés. Investissement et R&D à la pointe leur donnent un avantage conséquent, et du coup leur permettent de se mettre en ordre de bataille dès à présent. Ceux de la menuiserie devraient davantage souffrir, estime Xerfi. Une affirmation qui est toutefois en contradiction avec les dernières données recueillies par sa société TBC, qui a récemment présenté une étude relative au marché de la fenêtre, qui reste "difficile mais avec des opportunités", avec un enjeu principal : la rénovation. "La fenêtre est l'un des rares domaines où l'évolution est la plus forte dans le bâtiment", soulignait Jean-Pierre Loustaud, dirigeant de TBC. "Et l'on a pu voir que dès que les industriels montaient en gamme, c'était le succès assuré", concluait-il.
*"La rénovation thermique de bâtiments - produits isolants et fenêtres : prévisions 2015, évolutions réglementaires et axes de développement des opérateurs", cabinet Xerfi.