Le Congrès national organisé par le ministère de la santé sur les handicaps, les incapacités et la dépendance vient de débuter. A la veille de l' " Année européenne des personnes handicapés ", des manifestations de rue rappellent que ces derniers ne sont pas encore intégrés dans le tissu urbain.

Par sa décision 2001/903/CE du 3 décembre 2001, le Conseil de l'Union européenne a proclamé l'année 2003 " Année européenne des personnes handicapées ". Le Conseil de l'Union européenne invite les Etats au cours de cette Année à sensibiliser la société aux droits, aux besoins et au potentiel des personnes handicapées. Il s'agit notamment d'inciter les différents partenaires à unir leurs efforts pour mettre en place et promouvoir un flux d'informations et l'échange de bonnes pratiques.

Bon nombre de difficultés rencontrées par les personnes handicapées trouvent leur origine dans leur environnement quotidien. Si le législateur a pourtant cherché, pour partie, à encadrer le problème, les résultats n'ont pas suivi.
A l'origine des préoccupations du législateur, les deux lois de 1975. Celle du 30 juin posait le principe de l'accessibilité et de l'adaptabilité de tous les logements. En application de cette loi, toutes les constructions neuves doivent être, depuis 1983, adaptées aux besoins des personnes en fauteuil roulant. Cette loi fut prolongée par celle du 17 juillet 1991. Par la suite, le décret du 26 janvier 1994 a modifié et complété le Code de la construction et de l'habitat et le Code de l'urbanisme. Il réglemente le contrôle du respect de la réglementation en matière d'accessibilité. Enfin, une loi du 22 décembre 2001 est venue compléter ce dispositif. Elle vise à accorder une priorité dans l'attribution des logements sociaux aux personnes en situation de handicap ou aux familles ayant en charge une personne en situation de handicap.
Aujourd'hui, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité ainsi que le ministère du Logement, de l'Equipement et du Transport ont décidé de mettre en place un groupe de travail interministériel sur l'adaptation du logement des personnes en situation de handicap.

Malgré cette préoccupation grandissante des pouvoirs publics, les associations d'handicapés ou d'aide aux personnes handicapés se sentent encore lésés, abandonnés. Ainsi, ces manifestations coup de poing d'handicapés, au mois de septembre, contre les conducteurs stationnant sur des places réservés aux handicapés. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Actuellement, seules 40% des constructions neuves sont conformes à la réglementation sur l'accessibilité des personnes handicapées. Au cours des dernières élections législatives, s'était présenté un partie au nom original : " Le collectif des démocrates handicapés ", dirigé par Jean-Christophe Parisot. Sa revendication, la révision des lois de 1975 ; sa force, être la plus grande minorité de France. De fait, les personnes à mobilité réduite (PMR dans le jargon architectural) représentent 40% de la population. Pour le ministère des Affaires Sociales, " il est nécessaire, pour que le dispositif législatif et réglementaire soit efficace, que l'ensemble des acteurs chargés de le mettre en oeuvre en intègrent l'utilité sociale et l'esprit. L'information, la sensibilisation et la formation sont des vecteurs indispensables de la politique d'accessibilité. "

Nombreuses sont les solutions qui pourraient être apportées à ce problème de société. Le ministère des Affaires Sociales estime, par exemple, que " la problématique de l'accessibilité et du confort d'usage pour tous devra à terme être prise en compte dans les programmes d'enseignement des écoles d'architecture et des autres établissements qui forment les professionnels concourant à l'acte de bâtir et d'aménager ". De son côté, le bureau d'étude EficACCES a conçu réalisé et édité à l'intention des acteurs de la construction un " Guide de l'accessibilité ", de 336 pages, qui présente autant le cadre juridique que les solutions souvent simples pour répondre aux attentes de 40% de la population.

Si, jusqu'à présent, l'argument financier avait eu un certain poids, malgré son immoralisme, Régis Herbin, architecte et président de l'association " Concevoir avec et pour tous ", le balaye. " Concevoir des logements adaptés à la circulation potentielle de personnes handicapés (espaces élargis, connexion potentielle à des commandes par ordinateur, etc.) ne coûterait guère plus cher si c'est fait en amont, plutôt que d'adapter après coup. "

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