A l'occasion des 10 ans de Batiactu, nous avons souhaité donné la parole aux acteurs et actrices du BTP qui ont contribué à l'histoire du secteur de la construction durant une décennie. Jean Lardin, Président de l'UPA et ancien président de la Capeb, évoque aujourd'hui la décennie passée.

Présidents de fédération dans le bâtiment ou l'immobilier, industriels, institutionnels, architectes… ils ont évoqué, en toute liberté, le passé, le présent et l'avenir d'une filière dont ils sont ou ont été les porte-drapeaux.

 

Batiactu : Quel est votre regard sur la décennie écoulée ?
Jean Lardin : Pour moi, ces dix dernières années ont été marquées par deux événements majeurs : la bataille gagnée sur la TVA en janvier 2006 et le Grenelle de l'environnement.
En ce qui concerne la TVA, cela a eu une incidence importante et très profitable pour l'économie du pays, autant pour les comptes de l'Etat que pour les bénéficiaires. Nous sommes fiers d'avoir remporté cette bataille, et nous ne relâcherons pas nos efforts sur ce sujet.

 

Pour ce qui est du Grenelle de l'environnement, je considère que c'est un petit « Big Bang » pour le monde de la construction. Il a conduit les entreprises à se remettre en cause, à prendre conscience qu'il fallait bâtir autrement ; il a renforcé l'engagement des professionnels de l'artisanat du bâtiment autour d'une marque, celle des Eco-Artisans, qui ont trouvé là un projet porteur d'espoir et d'avenir. Cette marque, évoquée dès Batimat 2007, est comme un rêve prémonitoire, qui met la profession dans la situation de ceux qui ont anticipé et qui sont prêts à affronter le futur. Entre temps, il y a eu la crise, qui a marqué une 'pause' dans la mise en œuvre du Grenelle. Mais il faut bien comprendre que désormais la piste est lancée et qu'elle s'inscrit dans la durée et le temps. Les marchés de demain seront issus de ces nouvelles façons de construire et d'aménager définies dans le Grenelle. On ne fera plus jamais ce qu'on faisait auparavant ! On a fait l'autruche sur une situation, le Grenelle a proposé des solutions qui vont permettre désormais de gérer la rareté des énergies fossiles et d'aborder l'avenir avec des perspectives heureuses. Maintenant, il faut aussi qu'une révolution culturelle individuelle intervienne. Mais pour transformer la société, il faut fournir le mode d'emploi, et il faut surtout le vouloir et non le subir.

 

Le monde économique a besoin pour exister de manière intelligente d'avoir des consommateurs exigeants et demandeurs de produits plus performants. On ne peut pas figer une société. Tout tourne autour de l'évolution permanente.

 

Batiactu : Selon vous, quel (le) est sur ces 10 ans :

 

- L'événement le plus marquant ?

J. L. : Sans aucun doute, la folie et l'inconséquence du monde financier. Avec l'affaire Madoff, on nous a montré qu'aucune procédure ne pouvait mettre à l'abri d'une escroquerie monumentale. Surtout, c'est l'impuissance du politique face à ce type de comportement qui a été mis à jour. C'est pour moi le premier grand clash de ma vie !
Je souhaite que les gouvernements issus de l'expression démocratique soient plus forts que les requins de la finance, et non que le monde avance sans foi ni loi !

 

- L'innovation la plus révolutionnaire ?
J. L. : L'innovation est un mot auquel tout le monde ne donne pas le même sens. Tel Monsieur Jourdain, les artisans font de l'innovation en permanence. Si tous les 'trucs et astuces' étaient théâtralisés, commercialisés, si l'on en faisait un produit plutôt qu'une solution pour satisfaire les clients, je peux vous dire que les artisans seraient riches !
Je pense que la somme des innovations réalisées dans les entreprises est telle qu'on ne peut pas en mettre une en avant. Cependant, elles utilisent des outils qui les aident au quotidien. Je parlerai alors davantage d'évolution que d'innovation. Et là, je pense notamment au système informatique, au web et aux divers moyens de communication qui sont entrés dans la vie des gens et des entreprises, tant à titre privé que professionnel. L'innovation est là, dans ces outils de communications qui ont transformé nos vies.

 

- Le projet phare ?
J. L. : Encore une fois, je vais mettre en avant le Grenelle et ses objectifs de réduction de la facture énergétique des citoyens français. Ce dispositif entend transformer la vie des gens en leur permettant de dégager des moyens qui limitent les énergies fossiles : enfin, on enclenche un mode de vie différent ! L'avenir de l'humanité est en jeu, il faut bien le comprendre. C'est très important pour moi et par rapport à ce que je vais laisser à mes enfants que de faire en sorte de protéger l'environnement dans lequel on vit.
Cela repose, à mon avis, sur l'économie de proximité. Je pense que c'est une solution pour valoriser l'économie locale dans une démarche d'amélioration et de progression de la qualité de vie des gens.

 

Batiactu : Pour les 10 prochaines années, quel serait votre rêve, même le plus fou ?
J. L. : J'aurai aimé comprendre, lire et écrire… la musique ! Aujourd'hui, je sais l'entendre, l'apprécier… Mon rêve serait donc, un jour, de jouer d'un instrument. Un beau challenge pour les dix prochaines années !

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