ARCHITECTURE. Pour sa 14e édition, le festival Bellastock a choisi de mettre la botte de paille à l'honneur. Les étudiants et professionnels de l'architecture ont deux jours pour édifier une ville éphémère et donner à voir dès le 13 juillet, ce que le matériau biosourcé peut apporter à la construction.
"On compare de plus en plus notre festival à Burning Man", s'amuse Quentin Chansavang, architecte et responsable de la communication chez Bellastock. Contrairement au festival du Nevada dont la tradition consiste à allumer un immense bûcher, Bellastock redoute la moindre flamme ou étincelle.
Car cette année, c'est la botte de paille qui est portée en étendard de la 14e édition du festival d'architecture expérimentale. Dès ce samedi, le grand public pourra découvrir le long du Chemin de Halage à Evry, la ville éphémère construite pour le festival "Melting Botte".
En choisissant la paille comme matériau proue, l'idée n'est pas seulement de réécrire l'intrigue des "Trois petits cochons", mais de donner à voir les possibilités qu'offre cette fibre, de plus en plus plébiscitée dans la construction pour sa résistance et sa performance énergétique. En Ile-de-France, la paille se niche déjà dans des projets comme La Ferme du rail dans le XIXe arrondissement de Paris ou l'école des Boutours à Rosny-sous-Bois.
49 bottes de paille par équipe
Depuis le 11 juillet, des centaines de bottes s'amoncellent sur la pelouse du stade Desroys du Roure qui accueille le festival. Etudiants en architecture, professionnels et autres bénévoles ont huit heures pour concevoir leur unité d'habitation ou un morceau de quartier en paille.
"Autant vous dire que les tireuses à bière ne seront pas actionnées tant que les constructions ne seront pas terminées et que les espaces extérieurs ne sont pas immaculés", taquine Antoine Aubinais, co-fondateur de Bellastock, talkie-walkie vissé dans la main.
En 14 éditions, le festival n'a jamais excédé le seuil des 1.000 participants. L'objectif étant que l'évènementiel ne prenne pas le pas sur la philosophie même du festival. "Ici, les étudiants en architecture auront un encadrement professionnel, via le Réseau français de la construction en paille. Au-delà d'un festival, c'est un temps pédagogique à grande échelle", plaide Quentin Chansavang.
Plus d'une décennie plus tard, le festival ne se défait toujours pas du cliché "d'événement hippie". Mais il a pourtant gagné en sérieux, et les discours répétés en faveur du réemploi et du retour des architectes sur le terrain ne sont pas tombés à l'oreille d'un sourd, jusqu'à leur valoir l'intérêt du ministère de la Culture.
Bellastock, pilote d'un cluster pour l'expérimentation en architecture
L'association d'architectes s'offrira bientôt la vie de château et investira prochainement la Maison Sainte-Geneviève à Evry. Sur ce lieu qui aura vocation de résidence et d'atelier, Bellastock y installera son Cluster art architecture paysage et patrimoine (CAAPP). "Le ministère nous missionne pour ramener les étudiants sur le terrain, au contact de la matière, et de réinvestir le champ de l'expérimentation pour enseigner", se réjouit Antoine Aubinais.
Avec Bellastock, il a longtemps été question de nomadisme, entre festival, workshops et conférences, mais "maintenant, on aura une base-arrière, une offre pour les écoles, un lieu où des artistes pourront intervenir", décrit-il, la voix entrecoupée par les vrombissements du passage d'un RER.
En attendant cette sédentarisation, le festival invite ébénistes, paysagistes, jardiniers et autres charpentiers à la rencontre des étudiants et professionnels. "Les plus jeunes se rendent compte que derrière l'architecture qu'on dessine, il y a aussi des gens qui la produisent. La rencontre avec les matériaux et les différents corps de métier leur montre que construire est un acte social", philosophe Antoine Aubinais.