METAMORPHOSE. Depuis ce lundi 18 septembre, l'immeuble du 10 Grenelle accueille les rédactions des Echos et du Parisien. Le bâtiment, construit dans les années 50 sur l'ancien site du Vel d'Hiv à Paris, a été entièrement rénové et restructuré. Retour sur un chantier complexe.
Après cinq ans de réflexion et de travaux, c'est un projet d'envergure, qui a été inauguré ce 3 juillet 2017 au 10 boulevard Grenelle, dans le XVe arrondissement de Paris. Un lieu historique et tristement connu pour la tragique rafle du Vel d'Hiv pendant la seconde guerre mondiale. Puis, dans les années 1950, un immeuble de grande hauteur avait été réalisé par l'architecte Pierre Dufau sur ce site. Pendant près de 25 ans, il a abrité des services du ministère de l'Intérieur. Mais fin 2011, lorsque que ministère est parti, la question de sa réhabilitation s'est posée. Le bâtiment n'ayant jamais été rénové.
C'est à l'architecte Véra Matovic, de l'agence B architecture, qu'a été confiée cette rénovation d'envergure. Une réhabilitation lourde compte tenu de la structure même du bâtiment, composé de grandes dalles nervurées en béton préfabriquées, sorte d'"immeuble à placard", nous a-t-elle expliqué. Une structure peu compatible avec celle des immeubles contemporains actuels et imposant une faible hauteur sous plafond. Un chantier contraint également par la forte densité d'habitations autour de cette parcelle.
Avant de commencer ce projet, l'architecte a voulu comprendre l'histoire du site et s'est rendu compte que la plaque commémorative en hommage aux victimes n'était pas suffisamment mise en valeur. Elle a donc souhaité la valoriser davantage. Et puisque l'entrée de l'immeuble s'effectuait par une rue adjacente, elle a proposé d'inverser les entrées et de créer l'accès principal sur le 10 boulevard Grenelle. L'agence a également choisit de proposer une entrée sur un parvis naturel et non par un étage comme précédemment. Désormais, les anciens sous-sols accueillent des espaces nobles pour l'accueil et les services des occupants.
Cet immeuble se démarque par le traitement spécifique de sa façade en métal blanc, sa décoration réalisée par le designer Ora-ïto.
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Omniprésence du métal en façade
Le choix du métal pour envelopper cet ensemble immobilier de 30.000 m², composé de deux immeubles, l'un de 12 étages et l'autre de 16, s'est imposé à Véra Matovic pour plusieurs raisons. "C'est un matériau souple qui peut être plié, perforé" nous a-t-elle expliqué ce 3 juillet. Elle a également apprécié la possibilité qu'il offre pour faire évoluer la façade en fonction de la lumière. Sur les façades, des stores motorisés, des flaps, ont également une double fonction : faire vivre la façade et protéger les bureaux des apports du soleil.
Un escalier bois autoportant, véritable prouesse technique
Lorsque le visiteur pénètre dans le pavillon d'accueil, il ne peut ignorer le sublime escalier de bois qui lui fait face. Véritable prouesse technique, cet escalier autoportant est composé de plus de 400 lames de bois toutes différentes les unes des autres. Cette structure hélicoïdale mène à l'auditorium de 142 places situé en sous-sol et à différentes salles de réunion situées à l'étage.
Le miroir surplombant l'escalier donne une impression d'infini à cette pièce unique, sorte de sculpture impressionnante.
Le miroir surplombant l'escalier donne une impression d'infini à cette pièce unique, sorte de sculpture impressionnante.
Une maille métallique agissant comme une lanterne
Toute une partie du bâtiment de 16 étages est habillé d'une maille métallique perforée, derrière laquelle se trouvent des espaces d'exception : un jardin intérieur mais aussi des salles doubles hauteur. Depuis les quais de Seine, cette lanterne fait vibrer le bâtiment lorsque ce dernier est éclairé la nuit, nous a-t-on expliqué.
Un pavillon d'accueil habillé de Corten perforé
L'entrée des bâtiments se fait par un pavillon de deux étages habillés d'un voile de Corten, "qui permet de créer un niveau d'intimité au cœur du site", expliquent les porteurs du projet. Tout autour un jardin de la mémoire a également été recréé.
Laisser la lumière rentrée le plus loin possible à l'intérieur des plateaux
A partir de septembre prochain, les deux tiers des bureaux accueilleront les rédactions du groupe LVMH, Les Echos et Le Parisien.
Afin d'apporter de la lumière sur l'ensemble des plateaux, l'architecte a travaillé sur la transparence. Un défi compte tenu de la structure béton imposée. Dans les bureaux le parti pris a été de mettre du blanc au maximum et de conserver au maximum les ouvertures. Un travail particulier a été opéré pour proposer des montants d'huisseries les plus fins possibles.
La marque du designer Ora-ïto
Une grande attention a été portée à la décoration intérieure et confiée au designer Ora-ïto. Il y a une harmonie d'ambiance dans l'ensemble des espaces communs, comme ici dans les couloirs menant aux ascenseurs, les formes sont arrondies et le blanc omniprésent. Un choix judicieux pour masquer la faible hauteur de la structure d'origine.
Des puits de lumière en sous-sol
Afin de faire pénétrer la lumière dans le restaurant d'entreprise, situé en sous-sol, des puits de lumière avec jardin ont été créés.
Espaces de réunions conviviaux
Des alcôves ont par ailleurs été créés pour accueillir des réunions en dehors des heures de repas. Composés de lames de bois laissant passer la lumière, ces espaces sont intimistes et sereins nous a-t-on expliqué.
Un jardin de la mémoire au bas de l'immeuble et un jardin d'hiver au 12e étage
Au 12e étage du plus haut bâtiment se trouve un jardin d'hiver, préservé des regards par la maille métallique perforée.
Par ailleurs, un jardin de la mémoire a été aménagé au niveau du rez-de-jardin. Il sera inauguré le 16 juillet prochain à l'occasion des commémorations de la rafle du Vel d'Viv.
10 Grenelle : fiche technique
Maître d'ouvrage : AG2R La mondiale
Entreprise générale : Bouygues Rénovation Privée
Architecte : B. Architecture, présidé par Véra Matovic
Designer : Ora-Ito
Inauguration : 3 juillet 2017
Coût : 92 millions d'euros
Entreprise générale : Bouygues Rénovation Privée
Architecte : B. Architecture, présidé par Véra Matovic
Designer : Ora-Ito
Inauguration : 3 juillet 2017
Coût : 92 millions d'euros