UN CHANTIER/ UNE PARTICULARITE- Après trois ans de travaux, la construction du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) imaginée par l'architecte Michel Rémon touche à son but. Dès le mois de septembre, le bâtiment, d'une capacité de 614 lits, accueillera dans ses nouveaux locaux les urgences, les blocs opératoires et les chambres pour la gynécologie obstétrique et la pédiatrie. Visite.
"Implanté au pied de la commune de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), ce nouveau bâtiment visible depuis la Nationale 7 surplombant la vallée de l'Yerres s'apparente à un catamaran cachant derrière lui un second, s'exclame l'architecte parisien Michel Rémon. Il était nécessaire de présenter un nouveau programme car de nombreux services, comme celui de chirurgie obstétrique, étaient un peu à l'étroit dans le bâtiment principal, construit dans les années 1960."
C'est donc avec une joie non dissimulée que l'architecte aux côtés de Didier Hoeltgen, directeur du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV) a présenté ce mardi 28 mai le nouveau bâtiment pour les activités de gynécologie obstétrique et de pédiatrie, pièce maîtresse d'un chantier de grande envergure qui a démarré début 2010. Avec des satisfactions mais aussi quelques péripéties.
Sol argileux, coulées de boue, inondations…
"Nous avons, en effet, tout connu durant ces travaux. Des coulées de boue, des inondations", observe ainsi le directeur du centre hospitalier. "Nous, avons, en effet, découvert la réelle capacité d'adaptation du monde hospitalier à des situations dites de crise", précise de son côté Alexandre Del Prete, responsable adjoint des travaux chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France ouvrages publics. Un exemple ? "En juillet 2010, nous avons dû faire face à des pluies torrentielles alors que nous étions en pleine réfection du toit de la galette du CHIV, rappelle le chef de chantier. C'est pourquoi toutes les dispositions techniques ont été assurées de manière à ce que les travaux de reprise de l'étanchéité du toit soient effectués sans créer de fuites dans les locaux situés au-dessous qui sont en pleine exploitation." Par ailleurs, les obstacles rencontrés par les équipes de Bouygues et l'architecte mandataire n'ont pas été seulement climatiques mais également très techniques : "Les fondations ont été particulièrement très compliquées car nous avons travaillé sur un sol très argileux… Au final, nous avons installé des parois parisiennes et près de 230 pieux jusqu'à 18 mètres de profondeur pour assurer le gros-œuvre", complète Alexandre Del Prete. Et d'ajouter : "Nous avons pu, ainsi, restituer le parti pris architectural qui appelait une continuité entre une façade habillée de gabions et le mur de soutènement structurel nécessaire à la stabilité des talus."
Découvrez la suite de l'article dédiée à la conception de l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges.
Un établissement inscrit dans le paysage
Côté conception, cette "machine hospitalière" à flanc de colline se résume d'après l'architecte, Michel Rémon, à deux choses : son rapport au ciel et au sol et son rapport à la gravité. "J'ai voulu surtout ordonner et unifier la composition d'ensemble en prolongeant graphiquement les horizontales du rez-de-chaussée existant vers l'avant, notamment dans le vide", nous confie Michel Rémon. Le rez-de-chaussée devient ainsi la "ligne de flottaison" du bâtiment recomposé.
Le nouvel établissement est issu de deux particularités majeures :
"la rationalité fonctionnelle" avec un rez-de-chaussée bas, dédié à la logistique et un rez-de-chaussée haut, abritant l'accueil, les urgences, l'imagerie et les consultations. Par ailleurs, le bloc opératoire est transféré au dernier niveau du nouveau bâtiment. Il dessert à l'étage inférieur le Pôle Femme Enfant ainsi que les niveaux d'hospitalisation de l'ancien bâtiment.
Second point : le perfectionnement du rapport au site. "Sa présence emblématique dans le grand paysage est affirmée par la création d'un nouvel édifice au premier plan qui atténue la raideur de la barre d'hospitalisation existante", signale l'équipe architecturale. Issu d'un travail sur le rapport au sol, cette nouvelle réalisation est encastrée dans un talus en gabion et elle est dotée d'un espace d'accueil largement ouvert sur le sud et l'horizon. "Il propose aux visiteurs et aux patients un accueil généreux et clair à 15 mètres du sol d'arrivée, ajoute l'architecte. Quatre ascenseurs sont également à la disposition des patients."
L'enjeu principal d'un tel chantier a été de faire coexister dans un même espace des logiques soignantes, des process de blocs opératoires très contraignants, des logiques techniques et une approche architecturale, estime de son côté le directeur du centre hospitalier, Didier Hoeltgen.
"L'enfer terminé"
"Pour le personnel et les patients du CHIV, l'enfer, est désormais terminé", nous confie-t-il. Il ne reste désormais qu'à la commission de sécurité de rendre un avis favorable, très probablement cet été, à l'ouverture du site prévu en septembre prochain. Au final, 129 millions d'euros hors taxe ont été investis par l'hôpital alors que l'objectif sera désormais de mettre aux normes définitives l'ancien CHIV. "C'est une autre opération estimée aux alentours de 75 millions d'euros. Pour l'instant, nous n'avons pas les financements. Nous préférons avancer étape par étape et éviter de se retrouver dans des situations financières difficiles à l'image du PPP signé avec notre voisin le Centre hospitalier sud francilien (CHSF) à Evry…", conclut-il.
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Ouverture en septembre prochain
Les patients et le personnel devraient profiter dès septembre d'un équipement moderne. Le pôle femme-enfant hébergera l'accueil du CHIV alors que le pôle consultation, la chirurgie ambulatoire, la pédiatrie ainsi que les services de maternité et les blocs déménageront peu à peu dans les nouveaux bâtiments.
Un nouveau programme
Les urgences adultes et enfants ainsi que la radiologie seront désormais voisines, sur un même niveau, contrairement à aujourd'hui.
1.164 fenêtres changées
Plus de 1.164 fenêtres ont été changées pour offrir un meilleur rendement écologique, une isolation améliorée et une protection contre le bruit.
L'accueil
L'accueil du centre hospitalier.
614 lits
614 lits ont été programmé dans cette construction.
Vue des couloirs
Vue des couloirs.
9 blocs opératoires
9 blocs opératoires ont été conçus.
Vue des ascenseurs
Vue des ascenseurs.
L'entrée
Un escalier d'une hauteur de près de 12 mètres.
Un projet complexe
"Ce fut un projet extrêmement complexe, assure Didier Hoeltgen, directeur de l'hôpital. La pente était tellement raide à cet endroit que ce fut presqu'une construction de montagne! Une fois ouverte au public en septembre, le bâtiment hébergera des urgences, des blocs opératoires et des chambres pour la gynécologie obstétrique et la pédiatrie."
Un établissement à flanc de colline
Un établissement à flanc de colline.
Un espace d'accueil ouvert sur l'horizon
Un espace d'accueil ouvert sur le sud et l'horizon.
De nombreux services
De nombreux services, comme celui de chirurgie obstétrique, étaient un peu à l'étroit dans le bâtiment principal, construit dans les années 1960.
Plan de masse
Plan de masse.
A proximité de Villeneuve-Saint-Georges
La desserte de l'hôpital a également été sensiblement améliorée tout au long des travaux puisque ce seront très bientôt cinq lignes de bus qui desserviront le CHIV à terme, contre trois, avant le début des travaux. Une ligne traversera même l'hôpital avec un point d'arrêt.
Coupe transversale
Vue de la coupe transversale.
Construction d'un Pôle Femme-Enfant et restructuration générale du CHIV, 614 lits
Lieu : Villeneuve-Saint-Georges (94)
Maîtrise d'ouvrage : CHI de Villeneuve-St-Georges, Mandataire ICADE
Architecte mandataire : Atelier d'architecture Michel Rémon
AMO : Icade
Bureau d'études techniques : Egis bâtiment, ingénierie
Entreprises du Pôle Femme-Enfant : Bouygues Bâtiment Île-de-France ouvrages Publics et Bouygues Energies & Services co-traitants.
Surface : 16.700 m² SHON neuf - 17.800 m² SHON restructuré
Parking : 187 places couvertes
Coût des travaux : 129. 500.000€ HT, valeur décembre 2012, décomposés en : travaux préliminaires (phase 0) (travaux mars 2010 - février 2010)
7.840.000 € HT valeur décembre 2012
- Façades monobloc - réfection des façades (travaux août 2009 - janvier 2011) 5.872.000 € HT valeur décembre 2012 : réfection des façades nord et sud du monobloc en cassettes métalliques pour obtenir le C+D, l'isolation acoustique et thermique.
- Construction du Pôle Femme-Enfant et du bloc opératoire (travaux janvier 2010- mars 2013) 77.365.000 € HT valeur décembre 2012.
- Restructuration lourde du monobloc existant (médecine-chirurgie) (en études), 38.433.000 € HT valeur décembre 2012 : restructuration des services de médecine et chirurgie, des consultations externes, de la pharmacie centrale et des laboratoires.