Double vitrage, plaques de plâtre… autant de solutions de matériaux qui oeuvrent pour un meilleur confort au sein des habitations. Mais bien souvent, lorsqu'on parle de confort, c'est le thermique qui prime, au détriment de l'acoustique. L'occasion de faire un point sur les enjeux et problématiques de ce sujet avec Amandine Maillet de Ginger CEBTP.
Batiactu : Quels sont les enjeux et problématiques du bruit dans les bâtiments, tant dans le neuf qu'en rénovation ?
Amandine Maillet : Le bâtiment possède des réglementations qui imposent des valeurs acoustiques selon le type de logement. Or, pour les logements, la dernière réglementation remonte à 1999, tandis que pour les bâtiments de santé et scolaires, elle date de 2003. Ce qui n'est pas récent ! Le problème de l'acoustique, c'est l'obsolescence des normes, mais surtout la place prise par le thermique. Voilà l'enjeu pour notre activité : allier les problématiques du thermique à celles de l'acoustique.
Batiactu : La future réglementation thermique 2012 prend-elle en compte les enjeux de l'acoustique ?
Amandine Maillet : Non, elle ne concerne vraiment que le thermique. C'est bien là le problème de l'acoustique : tout l'accent a été mis sur le thermique, notamment avec les préoccupations environnementales et le Grenelle. Même si les industriels travaillent depuis quelque temps à lancer des produits qui allient la double performance thermique/acoustique, la notion de confort ne vise encore qu'un seul aspect. En outre, la réglementation sur l'acoustique est très difficile à mettre en œuvre, notamment car il existe peu de contrôle dans le bâtiment. Du coup, les objectifs sont peu élevés en termes de résultat.Batiactu : quelles sont alors les solutions ?
Amandine Maillet : L'apparition des labels HQE ou Qualitel, qui proposent des niveaux de performance par rapport à la réglementation, font que la notion d'acoustique est de plus en plus prise en compte au niveau du bâti. Le Grenelle va également dans le bon ses et fait émerger les problèmes liés à l'acoustique. Mais il existe encore une inadéquation entre la réglementation et le confort attendu par l'utilisateur final. Il reste du chemin à parcourir.Toutefois, si dans le neuf, les solutions produits existent et sont mises en œuvre, dans la rénovation, le problème est plus net. Les constructions sont plus délicates et un travail sur l'aménagement des locaux est nécessaire. Des produits existent également, mais les solutions sont plus coûteuses. Et le prix est l'un des principaux freins au développement de l'acoustique dans les bâtiments.
Batiactu : De quels moyens disposez-vous pour faire évoluer les choses et rendre à l'acoustique la place qui lui revient ?
Amandine Maillet : Nous participons aux Commissions de normalisation et groupes de travail en lien avec Qualitel et HQE. Nous avons également élaboré au sein de ces groupes de travail un document d'auto-contrôle établi pour les maîtres d'ouvrage afin de valoriser la performance acoustique de leur bâti. Il s'agit d'un outil qui permet de combler les lacunes laissées par des contrôles trop peu fréquents. Cet outil est issu du Grenelle 1, et représente une première avancée.En outre, nous avons inauguré un nouveau laboratoire acoustique au siège d'Elancourt de Ginger, qui devrait permettre à la filiale CEBTP du groupe de multiplier par trois ses capacités de tests acoustiques sur les matériaux et équipements pour le bâtiment. L'ancien laboratoire datait de 1960 et devenait vraiment obsolète. Nos nouvelles installations vont nous permettre aussi de répondre aux contraintes de montage des produits, comme sur un chantier. Nous travaillons avec des organismes tels Cerqual, CEKAL ou la FFB qui lance en particulier des programmes de recherche pour inculquer les DTU, qui jusqu'ici n'avaient jamais fait mention des problèmes d'acoustique.
Pour contacter Amandine Maillet :a.maillet@gingergroupe.com