Avant de passer la main de la présidence de la Capeb et de prendre la tête de l'UPA dès le 20 janvier prochain, Jean Lardin revient, pour Batiactu, sur son mandat, ses combats, ses fiertés. Parcours d'un homme déterminé et passionné.

Batiactu : Comment vivez-vous vos deniers jours à la Capeb ?
Jean Lardin : Pardonnez-moi l'expression, mais c'est une fin de présidence « à fond la caisse » ! Je compare souvent les missions qu'on me confie comme des courses de relais, et là c'est moi qui porte le témoin pour le transmettre à quelqu'un d'autre. Et je me dois de terminer la course à fond et surtout de ne pas ralentir car le relayeur qui va me succéder est en accélération. Il faut donc absolument que la Capeb continue sur sa lancée à défendre les intérêts des entreprises artisanales du bâtiment.
Concernant les dossiers en cours, cela concerne l'actualité et la situation économique du pays, avec une crise dure pour certains, plus facile pour d'autres. Les chiffres sont là et montrent que nous sommes installés dans la crise, et nous terminerons 2009 avec une baisse d'activité supérieure à -5% globalement par rapport à 2008. Nous devons tout faire pour faciliter la vie des entreprises auprès des banquiers notamment. Nous sommes aussi en discussion permanente avec le gouvernement, en particulier en cette période de Loi de Finance : tous les jours, une partie de notre travail consiste à suivre les débats parlementaires, à proposer des amendements qui correspondent à ce qui est bon pour nos entreprises et tenter de forcer le destin pour qu'elle soit favorable à notre activité et à l'emploi des gens du bâtiment.

 

Batiactu : Justement, quelles sont les mesures qui ont abouti et dont vous tirez satisfaction ?
J. L. : En effet, il y en a quelques-unes qu'il ne faut pas bouder ! Ainsi, la première satisfaction, c'est l'obtention de l'éco-PTZ de 30.000 € pour les travaux d'entretien et de réhabilitation, qui sera un bon amortisseur de crise et un des outils de la relance en 2010. L'autre satisfaction de la Capeb, c'est aussi la mise en place et le développement de la marque éco-artisan®. Rester vivant sur le marché des économies d'énergie, c'est important.

 

Batiactu : Après 9 années de présidence, avez-vous le sentiment du travail accompli ?
J. L. : Ce serait faire preuve de peu de modestie que de s'auto-satisfaire ! Il y tellement de choses que j'aurais aimé faire mieux que ce que j'ai fait, mais j'ai fait du mieux que je pouvais. Avec tout le personnel de la Capeb, nous avons essayé de renforcer structurellement la place de la Capeb, de lui donner un siège social à la hauteur de son image, de caler la Capeb dans le paysage du bâtiment de manière irréversible et de donner à notre organisation l'assise qu'elle mérite.

 

Batiactu : Vous parlez de vos locaux comme réalisation remarquable de votre mandat…
J. L. : C'est peut-être anecdotique, mais dans notre réseau, c'était énorme ! Nous étions avenue d'Ivry, dans une tour métallique et nous avions, à l'époque, 4 millions de francs de frais fixes liés aux dépenses d'énergie et aux travaux d'entretien. C'était une véritable passoire thermique ! Les adages comme « les cordonniers sont les plus mal chaussés », cela me vexe ! Alors, très rapidement, j'ai proposé au conseil d'administration de changer de locaux, et ils m'ont suivi. Après l'achat des locaux dans lesquels nous nous trouvons (rue Béranger, 75011, ndlr), il a fallu beaucoup s'expliquer, notamment auprès des Capeb régionales et départementales. Financièrement, c'est un pari que nous avons réussi, je crois.

 

Batiactu : Quels sont les batailles dont vous êtes le plus fier ?
J. L. : Parmi les combats que j'ai le plus à cœur, il y a celui de la représentativité. Le 2 avril 2002, la Capeb devient représentative des entreprises de plus de 10 salariés, grâce au travail de mes prédécesseurs. On est toujours, à la fois, le déclencheur d'action nouvelle et le bénéficiaire des conclusions favorables d'actions déclenchées auparavant. Toutes les reconductions de TVA sont aussi une victoire pour la Capeb. Cela a été un travail énorme, et on n'imagine pas toute l'énergie qui a été déployée pour bénéficier de la poursuite de la mesure. Petite anecdote : on mettait souvent en balance la baisse de la TVA comme étant un tout, et nous nous trouvions à chaque renouvellement de l'expérience avec l'idée de maintenir le taux de TVA à 5.5% dans le bâtiment et simultanément de baisser la TVA dans le secteur de la restauration. Quand on sait que cette dernière a été accordée à l'été 2009… vous comprenez bien que notre bataille a dû être sérieuse, argumentée et performante pour disposer d'une TVA à taux réduit, qui bien utilisée par tous ne souffre d'aucune contestation sur son impact sur l'activité, la lutte contre le travail clandestin, sur la création d'emploi et sur l'augmentation des ressources publiques. Quant à la pérennité de cette TVA, l'action qui sera déclenchée début 2010 va dans ce sens, puisque l'Union européenne a pris la décision de laisser les états membres libres de choisir de pérenniser ou non la TVA à taux réduit. En 2012, date échéance de l'harmonisation des taux de TVA en Europe, nous devrions avoir un taux normal et un taux réduit qui seront les mêmes pour tous les pays de l'UE. Si la valeur de ces taux n'est pas encore connue, la Capeb se battra, de toutes les façons, pour que sur tous les travaux d'entretien et de réhabilitation du logement, nous soyons au taux réduit.

 

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