Dans l'affaire du futur ministère de La Défense à Balard, les rebondissements se succèdent. Le contrat de Bouygues, qui réclame 9 M€ pour diffamation au Canard Enchaîné, ne serait finalement pas celui visé par l'enquête pour corruption. Par ailleurs, un autre problème se pose pour le projet, avec une nécessaire modification du PLU qui se fait encore attendre...
Le ton est bel et bien monté en fin d'année 2011 entre le géant du BTP et Le Canard Enchaîné, après cette information de l'hebdomadaire datée du 7 décembre, mentionnant des faits de corruption autour du chantier du futur «Pentagone à la française». 9 M€ d'euros est en effet la somme que va réclamer Martin Bouygues, le PDG du groupe de BTP, ce 18 janvier, devant le tribunal de grande instance de Paris à l'encontre de l'hebdomadaire satirique.
«Les allégations du Canard enchaîné sont diffamatoires», nous témoigne ainsi le porte-parole du Groupe Bouygues. Nous avons été injustement attaqués sans preuve et ce marché a été gagné en toute honnêteté. Nous défendrons donc nos droits devant la justice avec la plus grande fermeté.»
Nouveau rebondissement
Par ailleurs, l'affaire en elle-même se dégonflerait-elle ? Difficile pour le moment d'y répondre clairement. L'important partenariat public-privé à hauteur de 3,5 milliards d'euros, sur trente ans, signé entre le ministère de la Défense et «Opale Défense », le groupement conduit par Bouygues Bâtiment-Ile-de-France, ne serait en fait pas celui visé par l'enquête.
D'après des informations du Figaro parues le 16 décembre 2011, cette dernière - qui vise des faits de corruption lors de l'obtention du marché de travaux publics - ne porte pas sur le chantier gagné en février par le géant du BTP mais sur l'attribution en 2008 d'un marché pour la rénovation de la tour A de la cité de l'Air. Un bâtiment de 20.000 mètres carrés dont les travaux ont commencé en 2009 et doivent être achevés fin 2012 pour accueillir les nouveaux bureaux de la Direction générale de l'Armement (DGA). D'après les enquêteurs interrogés, alors, un candidat aurait mis la main sur un cahier des charges avant ses concurrents et aurait été avantagé pour l'obtention du contrat en question...
Vers une modification du PLU ?
Reste enfin encore un souci pour le ministère de la Défense : le projet étant toujours menacé par une disposition du PLU.
Celui-ci prévoit en effet l'aménagement «d'un garage pour les transports publics» sur une partie du site, selon une information du Canard enchaîné que rapportait Le Parisien en mars 2011. La mairie du 15ème de Paris a effectivement besoin de cette parcelle dans le cadre du réaménagement du centre bus voisin de la Croix-Nivert.
Ce déménagement doit permettre notamment la construction de logements sociaux : «On ne modifiera pas le PLU si on n'a pas la certitude de pouvoir réaliser le garage à bus et les logements, qui sont des opérations d'intérêt général mais je ne doute pas que le ministère de la Défense comprendra les intérêts de la ville et des ses habitants» tant en matière de transport que de logement, avait précisé l'an dernier à l'AFP Anne Hidalgo, première adjointe socialiste du maire de Paris.
Une issue dans quinze jours ?
Selon la mairie du 15e interrogé par Batiactu, le rapport du commissaire-enquêteur et la décision de la Direction de l'urbanisme de la mairie de Paris, très attendus par l'ensemble des acteurs du projet, seront connus dans les prochains jours.
Par ailleurs, la commission d'enquête publique a remis son rapport le 7 décembre 2011, précise la Délégation pour le regroupement des états-majors, directions et services centraux du ministère de la Défense (DRESD). Puis, le préfet de la Région Paris-Ile-de-France a transmis la demande de mise en compatibilité du PLU au Maire de Paris, exactement le 15 décembre.La déclaration de projet pourra selon la DRESD être prise vers le 20 février 2012 au plus tard, avant la délivrance des permis de construire par le préfet, prévue au plus tard le 24 février 2012.Le début du chantier interviendra dès la délivrance des permis de construire, fin février.