Construire un logement sur une friche étroite et en pente... Le défi relevé par l'architecte Sophie Berthelier a donné naissance à une habitation atypique qui illustre deux principes architecturaux qui lui sont chers : la multiplication des ouvertures et le jeu des matières.
Passionnée par l'art et la technique, Sophie Berthelier a su très tôt qu'elle voulait devenir architecte. Pourtant, à la sortie de l'école d'architecture Paris-La-Seine (UP9), au début des années 80, elle n'avait pas vraiment de piste : "J'ai eu la chance d'entrer à l'agence de Jean Nouvel : une véritable usine de savoir, se rappelle-t-elle. Je devais y travailler pendant trois mois... Je suis finalement restée huit ans". Sous l'égide d'un des plus renommés bâtisseurs contemporains, elle a appris les préceptes fondamentaux de son métier. Elle les applique désormais aux projets qu'elle développe avec son agence "Sbbt", dont sa propre maison construite sur les hauteurs de Meudon, qui alterne ouvertures multiples et parois opaques en tôle laquée.
Les vues comme point de départ
Lorsqu'elle est tombée sur ce terrain enclavé, Sophie Berthelier n'a pas hésité : "L'endroit laissait présager des vues superbes", se souvient-elle. Dans un premier temps, la partie séjour a donc été surélevée d'environ 1.50 m par rapport au terrain et placée en porte-à-faux pour capter la vue panoramique en contre-bas.L'espace a ensuite été pensé pour minimiser l'impact des aspects techniques sur la transparence de l'habitat : "Les détails des menuiseries ont été dissimulés dans l'épaisseur de la dalle pour ne pas apparaître au milieu des vitres et le chauffage a été caché dans les baies". Au final, c'est le verre qui façonne les vues : "Le regard, attiré par le paysage extérieur, file successivement sur Meudon, Paris, le ciel et le frêne centenaire du jardin".
L'art et la matière
De la rue, la maison de Sophie Berthelier ressemble à une masse rocheuse émergeant de terre :"J'ai volontairement limité l'impact de la façade sur l'extérieur pour lui donner un caractère énigmatique, explique l'architecte. Dans cette idée, la couleur noire s'est rapidement imposée. Elle se fond dans l'univers végétal et fait ressortir le frêne centenaire du jardin. De son côté, la forme en cube du logement crée un jeu graphique avec les tours de l'espace urbain tout proche".Le choix du métal permet de moduler chaque face de la paroi qui est tout à tour lisse ou ondulée : "Cette alternance de reliefs établit un rapport constamment renouvelé avec la façade, notamment parce qu'elle apparaît différemment selon la lumière du soleil", précise Sophie Berthelier. Ce type de support industriel se retrouve aussi dans la maison où cohabitent des portes coulissantes en aluminium, un escalier en métal et un autre laissé en béton brut. Accro à toutes les matières, Sophie Berthelier a récemment décidé de se lancer dans le linge de maison. Avec trois amis, elle a monté la société Franco-égyptienne "Ezzé design". Dans la première collection, la douceur des étoffes se mêle à un graphisme contemporain, deux notions pas si éloignées du métier d'architecte...
Pour avoir un aperçu de la maison de verre et de métal, cliquez sur suivant.
Apparence extérieure
De la rue, la maison de Sophie Berthelier ressemble à une masse rocheuse émergeant de terre.
Entrée
Sophie Berthelier ne voulait pas une entrée de face. Elle a créé un parcours qui contourne le bloc et balade le visiteur jusqu'à la porte d'entrée.
Cuisine
La première fenêtre laisse entrevoir la cuisine. Située à l'est, elle bénéficie de la lumière des matinées ensoleillées.
Entrée
La porte d'entrée de la maison est située entre deux blocs métalliques. Chaque ouverture de la façade cadre un espace.
Sous-bois
En se retournant, le regard se porte sur un frêne centenaire qui apporte une ambiance "sous-bois", en ville, qui a séduit Sophie Berthelier.
Jardin
La passerelle s'ouvre sur un jardin au paysage assez sobre. La végétation délimite et protège le terrain de 400 m2.
Porte-à-faux
La partie séjour a été surélevée d'environ un mètre cinquante par rapport au terrain et placée en porte-à-faux pour capter la vue panoramique en contre-bas.
Maison
Cette habitation atypique illustre parfaitement deux principes architecturaux qui sont chers à Sophie Berthelier : la multiplication des ouvertures et le jeu des matières.
Forme
La forme en cube du logement crée un jeu graphique avec les tours de l'espace urbain tout proche.
Transparence
L'espace a été pensé pour minimiser l'impact des aspects techniques sur la transparence de l'habitat. Les détails des menuiseries ont été dissimulés dans l'épaisseur de la dalle pour ne pas apparaître au milieu des vitres et le chauffage a été caché dans les baies.
L'usage du verre
Au final, c'est le verre qui façonne les vues. Le regard, attiré par le paysage extérieur, file successivement sur le ciel et le frêne centenaire du jardin.
Isolation
L'isolation par l'extérieure est assurée par une mousse polyuréthane de six centimètres d'épaisseur, sous les panneaux sandwich standardisés très fins.
Volume
Aucune excroissance n'est admise dans ce volume qui se creuse pour laisser passer, par endroits, les vues.
Orientation
L'habitation orientée Nord-Ouest évite une surchauffe tout en favorisant l'apport solaire. Elle s'ouvre largement sur le paysage.
Paroi
Chaque pièce possède sa vue propre. Ici, une ouverture a été aménagée dans la continuité de la façade pour permettre d'admirer la paroi ondulée.
Béton
Les supports industriels, à l'image du métal noir extérieur, se retrouvent aussi dans la maison avec, ici, un escalier en béton brut. Ce matériau se retrouve aussi dans le socle en maçonnerie du porte-à-faux.
Aluminium
Adepte du mélange des genres, Sophie Berthelier a opté pour des parois en aluminium pour isoler le vestiaire.
Séjour
Un vaste séjour, en partie sur double hauteur, prend place au rez-de-chaussée.
Nocturne
A la lumière nocturne, une nouvelle identité apparaît. Les vues changent et la vision extérieure de la maison également. Elle semble soudain prendre vie !
