Le gouvernement norvégien a mis à flots un projet inédit : percer un tunnel reliant deux fjords et permettre ainsi une navigation plus sûre pour les bateaux de commerce et de croisière en évitant une zone réputée dangereuse. Explications.

C'est un projet digne de Ferdinand de Lesseps : la Norvège a approuvé, dans son nouveau plan décennal de transport, la construction d'un tunnel maritime à Stad sur la côte Ouest du pays. Cet ouvrage, d'une longueur de 1,8 km, permettra aux cargos et aux navires de croisière d'éviter le contournement d'une péninsule où la navigation est réputée dangereuse. Selon une étude réalisée par l'entreprise Nordvest Fjordservice, pas moins de 46 accidents ou incidents auraient coûté la vie à 33 personnes dans cette zone, située entre Bergen et Trondheim, depuis 1945.

 

"Le projet contribuera à accroître la sécurité et la navigabilité", a fait valoir le gouvernement norvégien qui a décidé, dans un premier temps, de provisionner 133 M€ pour la construction du tunnel. L'opération devrait coûter 213 M€ en tout, selon les estimations, et débuter au plus tôt en 2018, après des études complémentaires de quatre ans. "Ce sera le premier tunnel au monde par lequel pourront transiter de gros bateaux comme des cargos ou l'express côtier Hurtigruten", un navire de croisière touristique qui effectue un circuit dans les fjords.

 

Un projet régulièrement revu à la hausse
Stad skipstunnel
Stad skipstunnel © Kystverket
Car les dimensions de l'ouvrage sont impressionnantes : si l'idée de tunnel maritime remonte à 1874, c'est en 1984 que le projet prend forme. Il prévoit que des petits bateaux de 600 tonnes puissent se frayer un chemin sous la roche. Une première fois rejeté, le projet ressurgit en 2001, agrandi, pour pouvoir accepter des navires de 5.000 tonnes. Puis, en 2007, ce serpent de mer refait encore surface, cette fois-ci pour des bâtiments de 16.000 tonnes ! Pour y arriver, le canal percé sous la montagne fera 36 mètres de large (dont 26 de largeur utile) et 49 mètres de haut, dont 12 mètres de profondeur submergée. A des fins de comparaison, les dimensions maximales d'un navire capable de franchir le canal de Panama, en Amérique centrale, sont de 32 mètres de "maître-bau" (large), presque 58 mètres de tirant d'air et 12 mètres de tirant d'eau. Reste une question pour les ingénieurs norvégiens : le commandant Francesco Schettino du Costa Concordia aura-t-il le droit d'emprunter le tunnel ?

 

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