Le Plan Solaire Méditerranéen, un projet-phare de l'Union Pour la Méditerranée, vise à accroître la production des énergies renouvelables dans les pays du pourtour de la mer intérieure pour atteindre 20 GW en 2020 et à en exporter une partie vers l'Union européenne. Un accord industriel vient d'être signé en deux consortiums privés, Desertec, qui souhaite produire de l'électricité dans le Sahara, et Medgrid qui entend réaliser les interconnexions sous-marines pour le transport d'électricité.
Le Plan Solaire Méditerranéen (PSM) est l'un des grands projets nés de l'initiative française d'Union Pour la Méditerranée, initiative du président Sarkozy datant de juillet 2008. Il vise à renforcer la production énergétique de la région du pourtour de la Méditerranée (Maghreb et Moyen-Orient) en y implantant des centrales éoliennes et photovoltaïques, puis à transporter cette électricité vers l'Europe. Jeudi 24 novembre 2011, un premier pas industriel a été franchi, avec la signature à Bruxelles d'un accord entre deux acteurs majeurs du projet. D'un côté, Desertec Industry Initiative (Desertec), qui compte beaucoup d'acteurs allemands du secteur de l'énergie (Siemens, E.ON) et qui souhaite produire de l'électricité solaire et éolienne dans les déserts d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, afin de répondre à la fois à la demande locale et européenne. De l'autre, Medgrid, qui comprend des gestionnaires de transport d'électricité comme RTE et des groupes français comme EDF, Areva et Alstom, vise à l'interconnexion sous-marine des réseaux entre les continents africain et européen, notamment via le détroit de Gibraltar.
Un plan pharaonique
L'objectif global du projet, dont la réalisation est estimée à plusieurs dizaines de milliards d'euros (entre 38 et 46), est de répondre d'abord aux demandes énergétiques croissantes des pays du Sud puis aux demandes européennes, peut-être à hauteur de 15 % des besoins électriques en 2050. L'intérêt est grand : la région méditerranéenne bénéficie d'un ensoleillement idéal pour des centrales solaires à concentration, d'une densité de population faible et de ressources naturelles (silice) permettant de produire des capteurs solaires photovoltaïques. Les pays européens - dont certains ont choisi d'arrêter leurs centrales nucléaires suite à la catastrophe de Fukushima - sont à la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement électriques, tout en respectant les objectifs imposés par la lutte contre le réchauffement climatique. Rappelons que, selon les accords post-Kyoto, la part des énergies renouvelables doit atteindre 20 % en 2020, tandis que les émissions de CO2 devront être réduites dans les mêmes proportions (par rapport au niveau de 1990). L'Union européenne subventionne donc le PSM et place de grands espoirs dans sa réalisation.
Le printemps arabe ralenti le projet
Un premier projet de parc solaire doit bientôt voir le jour au Maroc, pays le plus stable de la région, pour un coût de 1,9 milliard d'euros, près de Ouarzazate. La production de cette installation sera de 500 MW, le tiers de la puissance d'un réacteur nucléaire type EPR. D'autres projets seraient envisagés en Egypte et en Tunisie, mais les événements politiques s'y déroulant retarderaient les négociations. Du côté de l'interconnexion des réseaux, Medgrid espère un début des opérations également en 2020. Pour l'instant seule une ligne de 1,4 GW relie l'Afrique à l'Europe, ce qui est insuffisant. Pourtant les synergies seraient intéressantes : les pays européens, situés au Nord, connaissent des pics de consommation électrique en hiver, avec les besoins de chauffage, tandis que les pays du Sud connaissent des pics en été, liés à la climatisation.