REPUBLICATION. L'incendie de la cathédrale Notre-Dame pourrait remettre sur la table la problématique des feux de chantier. Il y a quelques temps, la Fondation excellence SMA avait fait effectué un travail de sensibilisation sur ce thème, retours d'expérience à la clé.
La Fondation Excellence SMA a souhaité, pour ses vingt ans, traiter une problématique inédite : celle de la prévention des incendies pendant les chantiers, un problème encore méconnu. "Ce sujet est ô combien important pour les entrepreneurs et les assureurs !", déclare Gérard Laurent, son président. Selon Jean-Charles Du Bellay, ingénieur à la direction des affaires techniques de la FFB, "l'acte de construire est un moment à risque pour tout le monde : un risque financier, mais également un risque pour l'entrepreneur. Les chiffres sont édifiants : un incendie de chantier se déclare tous les trois jours à Paris et en petite couronne".
De nombreuses situations à risque
Le colonel Michel Truttmann, soldat du feu depuis 21 ans à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, révèle la variété des dangers : "C'est une problématique évolutive. Les feux les plus courants sont ceux liés aux travaux d'étanchéité en terrasse. Ils sont violents, spectaculaires, et leur accès est malaisé. L'extinction est longue et les risques d'explosions de bombonnes de gaz existent, à l'image de ce qui s'est passé rue Blomet, dans le 15e arrondissement au mois de mai 2011 : une bouteille a été projetée à 150 mètres de distance". Autre type de sinistre en recrudescence, le feu de structures modulaires. Le pompier explique : "Ces structures temporaires sont présentes aux abords des chantiers et quelquefois empilées sur plusieurs niveaux. Leur potentiel calorifique est important et leur combustion dégage une fumée âcre et noire. Le panache est susceptible de s'élever sur 30 à 40 mètres, menaçant alors les ouvriers qui travaillent à proximité, notamment les grutiers".Le colonel rappelle que ces structures temporaires, qui abritent des espaces de vie et des bureaux, présentent de nombreuses installations électriques, parfois vétustes, où les branchements multiples et les courts circuits sont monnaie courante. "Sur ces interventions, la progression est difficile et nécessite des moyens de découpage", relate le professionnel. Les feux sont traités comme des feux d'entrepôt, avec mise en sécurité des personnes, définition d'un périmètre de sécurité et attaque massive depuis l'extérieur, sans entrer dans la structure. Autre intervention délicate : celle du chantier de l'A86, en mars 2002. Le colonel Truttmann raconte : "Dix-neuf ouvriers étaient coincés dans un tunnelier, à 2.100 mètres de l'entrée du tunnel. Les secours sont arrivés en limite de capacité, on a frôlé le drame. De nombreux personnels (pompiers) ont été blessés, dont deux gravement : leur matériel respiratoire a été endommagé par des débris tranchants. Après 4h45 d'efforts, l'ensemble des ouvriers a été sauvé". Une prise de conscience s'impose donc, pour tous les intervenants, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre, chefs de chantiers et compagnons.
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