Longtemps réservé au textile, le lin se fait désormais composite, meuble, isolant... et bientôt maison ? Avec le concours du designer François Azambourg, la CELC a élaboré un prototype d'habitat tout en lin. Retour en images sur cet OHNI (objet d'habitation non identifié).
Mi-igloo insolite, mi-hutte décalée, la "Matrice lin©" réalisée par le designer de l'année 2009, François Azambourg, a su capter tous les regards, lors du dernier salon Maison et objet. Conçu avec un matériau archaïque, cet habitacle illustre pourtant une utilisation moderne et originale du lin à l'état brut. Chef de projet et des relations design pour la CELC (Confédération Européenne du Lin et du Chanvre), Arnaud Piedcoq revient sur la construction de ce qu'il faut bien appeler un manifeste de la filière lin.
Un matériau "bio-écolo"
Tout commence par la fleur à l'origine du lin. Avant d'être transformée en tissu, la plante passe par plusieurs phases de transformation : "Après avoir été arraché, le lin est retourné avant d'être mis en bottes. Il est ensuite teillé, c'est-à-dire martelé pour casser l'écorce, qui l'entoure, et le bois situé en son cœur", explique Arnaud Piedcoq.Le lin présent sur la matrice a été conservé dans cet état. Habituellement, le lin est ensuite peigné, avant d'être transformé en fil : "L'idée était de matérialiser toutes les étapes de fabrication du lin pour mettre en avant son côté naturel, biologique et écologique. Aucun insecticide, ni irrigation ne sont utilisés pour sa culture. Quant à ses champs, ils se trouvent principalement en Normandie, en Hollande et en Belgique. A proximité de leurs lieux d'exploitation, ils limitent d'autant les rejets carbone", commente Arnaud Piedcoq.
Du textile à l'habitat
Connu pour son utilisation dans le textile, le lin peut aussi être utilisé dans d'autres domaines : "Avec cet habitat, la CELC souhaitait montrer les autres applications de ce matériau, en particulier ses possibilités liées à l'éco-construction", précise Arnaud Piedcoq. La tâche a été confiée au designer à l'origine de la première chaise en lin composite, François Azambourg.
Résultat : un habitacle expérimental et atypique, essentiellement composé de lin, a été mis sur pied en seulement une semaine: "Quatre à dix personnes ont participé, chaque jour, à la construction de cette maison composée de 1.2 tonne de lin teillé", ajoute Arnaud Piedcoq. Au final, cette création offre une véritable immersion dans l'univers du lin et ouvre la voie vers un futur habitat, pourquoi pas, 100% lin.
Pour avoir un aperçu de l'habitat en lin, cliquez sur suivant.
Structure
A l'origine, une structure métallique de cinq mètres de haut: "Nous ne voulions pas de matériaux carbones comme le plastique. L'option du métal permet à la structure d'être démontable et remontable à souhait", explique Arnaud Piedcoq, chef de projet et des relations design pour la CELC.
Montage
La structure en métal est entourée avec du lin teillé de 80 cm de long.
Forme
La forme "capsule" permet d'avoir une structure fermée : "L'idée était de créer une rupture avec l'environnement pour (re)découvrir les caractéristiques du lin : sa chaleur, son odeur, sa capacité à capter l'humidité et à isoler du bruit", précise Arnaud Piedcoq.
Lin teillé
Travail manuel
Toute la structure est enrubannée à la main pour qu'aucune partie de la structure ne se voit.
Solidité
La fibre est extrêmement solide et renforce ainsi la structure.
Nappes
Des nappes de lin sont posées sur la structure, comme des pagnes.
Tuiles
Les nappes sont posées en rangées les unes au dessus des autres, à 60 cm d'écart, comme des tuiles.
Ficelle en lin
Tout est cousu et accroché sur la matrice à l'aide de ficelle en lin.
Forme
Les arêtes de la structure de départ sont totalement recouvertes et l'habitacle adopte une forme plus arrondie.
Poignets
Des poignets, sorte de tiges de lin en forme de tringles, sont ensuite ajoutés.
Poignets
Ces poignets sont intercalés tout au long de la structure pour combler les ouvertures et donner du volume.
1 tonne de matériaux
En tout, 500 kg de nappes et 500 kg de poignets ont été nécessaires.
François Azambourg
La tâche a été confiée au designer à l'origine de la première chaise en lin composite, François Azambourg.
Lin peigné
A l'entrée, ce n'est pas du lin teillé mais peigné (étape suivante) qui a été posé.
Plafond
L'objectif : créer une surprise en montrant le lin là où on ne l'attend pas.
L'éco-construction
Le lin peut être utilisé dans l'éco-construction : isolant, dalle de terrasse, menuiserie...
Moderne
Bientôt une maison entièrement en lin ? Pourquoi pas, pour la CECL. L'idée, déjà, est de rappeler les propriétés biologiques et écologiques d'un matériau ancestral et, désormais, résolument moderne.