Dans les années 1980, du chrysotile (amiante) a été incorporé aux enrobés routiers. La législation, toujours plus drastique, oblige à réaliser des diagnostics afin de déterminer le niveau de protection requis pour intervenir sur ces tronçons. Camille Méjean, chargée d'études chez Ginger CEBTP, nous explique la stratégie employée pour rechercher ces fibres nocives.
Entre 1977 et 1995, certaines entreprises ont ajouté du chrysotile, une forme d'amiante, dans la composition des enrobés routiers, afin de les rendre plus résistants face aux variations de températures et aux forts trafics. De telles recettes étaient notamment employées sur les tarmacs d'aéoports, autour des ronds-points ou sur certains croisements très fréquentés. Mais les conséquences sanitaires de l'exposition à des fibres d'amiante ont fait rapidement évoluer la réglementation, avec une interdiction puis une recherche obligatoire de leur présence. "Les maîtres d'ouvrage ont la responsabilité de la sécurité lors des travaux", nous précise Camille Méjean, chargée d'études à la direction Technique & Innovation de Ginger CEBTP. "Or l'Etat a rendu obligatoire la caractérisation des enrobés avant toute intervention, par la circulaire du 15 mai 2013. Les maîtres d'ouvrage, qu'ils soient gestionnaires de réseaux routiers ou propriétaires de voiries, demandent donc des analyses préventives".
Une quinzaine d'acteurs interviendraient sur ce marché. "Il faut d'abord définir une stratégie d'échantillonnage. Puis envoyer des équipes sur place qui prélèvent des carottes composées de 2 à 4 couches d'enrobés, en fonction des rabotages successifs. Ces carottes sont envoyées en laboratoire pour y être analysées. On obtient alors une localisation de l'amiante qui permet de délivrer des conseils au client", détaille-t-elle. La stratégie, basée initialement sur le guide de l'Institut des routes, rues et infrastructures pour la mobilité (Idrrim), a été adaptée pour également prendre en compte l'amiante existant à l'état naturel, sous forme amphibolique. Ces autres variétés sont rencontrées près des carrières de granulats et présentes en petites quantités. Elles n'ont pas les mêmes propriétés physiques et ne demandent donc pas les mêmes traitements. Ces formes d'amiantes peuvent générer des fragments de clivage, potentiellement dangereux. "La réglementation n'a pas encore évolué sur cette thématique, mais certains clients l'anticipent", poursuit la scientifique. Depuis le 1er janvier 2016, les seuils d'empoussièrement qui déterminent les équipements et mesures de protection à adopter pour les professionnels au contact des matériaux, ont été divisés par 10. Le Bureau de Recherche Géologique et Minier aurait mené un tour de France des carrières, à la recherche d'amiante naturel : sur 50 sites visités, 75 % présenteraient des traces de fibres…
Lisez la suite de l'article en page 2.